mercredi 23 juin 2021

Moi, Je : Catalogue de l'exposition

 

Le très beau catalogue de l'exposition est visible en ligne - cliquez ICI

 



 

 

 

Moi,Je - Article paru dans la STRADA


 

Lien original de l'article : https://www.la-strada.net/2021/06/17/et-moi-et-moi-et-moi/

Et moi, et moi, et moi

Moi je, Quentin Spohn © DR
Moi je, Quentin Spohn © DR



Tout portrait qu’on peint avec âme est un portrait non du modèle, mais de l’artiste“, écrivait Oscar Wilde. Peinture, sculpture, cinéma, photographie visent à représenter un réel particulier, notamment un personnage, une entité, vous, moi. Le château-musée Grimaldi Cagnes-sur-Mer pose cette question de l’identité au sein de l’histoire de l’art dans le cadre de la Biennale de l’Union Méditerranéenne pour l’Art Moderne (UMAM), du 12 juin 2021 au 3 janvier 2022.

Intitulée Moi, je, l’exposition évoque la relation particulière entre artiste et modèle, révèle leur interdépendance et la construction d’un rapport de force en changement permanent : chacun des deux permet la production artistique. En effet, toute oeuvre exige une “parenté presque totale avec le modèle“, pour citer Henri Matisse. Le “Moi, je” est un jeu “à deux” à retrouver dans les différentes salles du château-musée Grimaldi, qui accueille la Biennale, et qui mélange une quarantaine d’artistes confirmés et de la nouvelle génération : Jeff Koons, Pierre & Gilles, François Bard, Stefano Bombardieri, Philippe Cognée, Damien Hirst, Nasreddine Bennacer, Victor Soren, Quentin Spohn, Gérard & Bernard Taride…

 

 
Confusion d’identité, de société, d’époque : à bas la distinction et la classification, les salles regroupent œuvres picturales, sculptures, clichés photographiques et extraits de film afin de faire entrer tous les astres en collision. Entre portraits qui subliment les corps et les visages, et ceux qui révèlent avec brutalité le réel insoutenable : l’exposition évolue de manière éclectique et incertaine. On constate néanmoins une rupture entre l’artiste et sa muse avec l’autoportrait ou l’autobiographie : une surexposition de l’ego et une rupture totale avec le modèle. Cela fait écho à notre société où chacun construit un reflet de soi sur les réseaux sociaux entre selfies, post, tweets et stories. Le “Moi” est mis en scène, capturé à un instant précis, il n’est qu’une particule de soi. La peur de la solitude et d’être ignoré par les autres nous conduit à adopter de nouveaux comportements pour dire “moi, j’y suis”, “regardez-moi”. 
Les différents artistes qui investissent la biennale proposent leur propre version du Moi, je suivant la société, l’époque, mais le constat final reste le même : le risque d’un repli sur soi, d’un art narcissique. Heureusement, nous, spectateurs, recevons les oeuvres, permettons de faire lien entre un art a priori opaque et le ressenti qu’il provoque.
12 juin 2021 au 3 jan 2022, Château-musée Grimaldi, Cagnes/Mer.