vendredi 29 septembre 2023

Exposition Ron Mueck à la Fondation Cartier d’art contemporain



Exposition: du 8


Dix ans après sa dernière exposition à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, Ron Mueck revient pour nous faire découvrir de nouvelles oeuvres, mêlées à de plus anciennes, toutes aussi magistrales les unes que les autres (dans tous les sens du terme). Il faut dire que ses oeuvres sont particulièrement fascinantes voire dérangeantes pour certaines… 

En effet, ses oeuvres, pour la plupart, à l’exception de quelques unes, ont des dimensions déconcertantes, comme cela fut le cas, en 2001, pour sa sculpture, Boy (1999), présentée à la 49e Biennale de Venise et qui représentait un adolescent accroupi de cinq mètres de haut. 

Mais revenons, à son exposition actuelle à la Fondation Cartier pour l’art contemporain. Une des pièces majeures est sans aucun doute, Mass (crée en 2017). Il s’agit d’une installation monumentale d’une centaine de crânes qui s’amoncellent de manière semble-t-il désordonnée, de part et d’autre de la salle principale de la fondation. Le visiteur déambule entre les crânes, regardant les quelques différences (car oui il y a des différences), preuve, pour lui, qu’il s’agit d’un amas d’individus….Une impression de catacombes sans être dans les sous-terrains où d’habitude elles se trouvent.

"Mass" Ron Mueck, (2017)


Parmi les autres oeuvres marquantes présentées, il y a celles, comme A Girl (2006) et Baby (2000) sur l’anatomie du corps humain, criantes de vérité. Au point que l’on se pose la question, s’il ne s’agit pas de « sculptures animées » et qu’une fois le dos tourné, le nouveau-né comme le jeune
garçon vont retourner à leurs préoccupations…
 

"A girl" Ron Mueck (2006)

"Baby" Ron Mueck (2000)

 

Pour ma part, en dehors de Mass, deux oeuvres m’ont interpelée.. Il s’agit de Untitled (Three dogs) (2023) et Man in a Boat (2002). Ces oeuvres laissent libre cours à l’imagination du visiteur, laissant une multitude d’interprétations possibles selon la perception qu’il en aura… En effet, percevoir c’est donner
une signification aux choses, aux objets, aux situations. Or cette perception, en dehors du traitement sensoriel brut des informations visuelles, se fait aussi selon nos attentes, notre culture et même notre état d’esprit du moment…
La sculpture Untitled (Three dogs) (2023) représentant trois chiens de taille monumentale. Ils peuvent, selon notre interprétation, notre passé, nos peurs, tout aussi bien, paraître menaçants et faire référence à « nos peurs enfantines ». Mais aussi ils peuvent paraître protecteurs comme des gardiens, voire de gargouilles qui nous protégeraient contre le mal. Les « jeunes » (et moins jeunes) fans d’Harry Potter peuvent y voir les monstres contre lesquels le jeune sorcier doit se battre afin de faire « triompher » le
bien contre les "forces du mal » de celui dont on ne prononce pas le nom Voldemort.


"Three dogs" Ron Mueck (2023)

 

La sculpture Man in a Boat (2002) est entourée de mystère, d’autant qu’elle est présentée seule dans une pièce relativement sombre. Elle est même, j’ose le dire, angoissante. Où va cet homme sur sa barque avec ce regard dans le vide tourné vers l’horizon? Vers un avenir meilleur ? Un avenir sombre ? Vers l’incertitude ? Après tout, sait-on ce que nous réserve demain? Ou est-il en train de faire son voyage vers l’au-delà afin de rejoindre le royaume des morts, faisant ainsi référence, de manière imagée, à la mythologie égyptienne et à sa « barque sacrée ». D’après les « récits », le voyage en barque était nécessaire pour passer d’un monde à l’autre. 

"Man in a boat" Ron Mueck (2002)

 

Enfin, une fois n’est pas coutume, cela mérite donc d’être signalé, Ron Mueck a accepté de présenter une oeuvre encore inachevée. Il s’agit de This Little Piggy (2023).


L’exposition Ron Mueck ne laisse pas indifférent. Elle fait référence aux différentes facettes de notre personnalité, ou plutôt de notre moi intime, voire de notre « ça » pour reprendre la terminologie de Freud. Mais ceci est peut être, seulement, dû à la signification que j’ai voulu lui donner… Il se peut que la vérité soit ailleurs…. Mais dans le monde de l’art contemporain, il est encore possible de laisser libre cours à ses interprétations, car, comme pour la vérité, il n’y a pas une seule explication possible mais il y en a plusieurs….


Celia Mores,
Membre de l’UMAM

Fondation Cartier pour l’art contemporain
261, Boulevard Raspail
75014 Paris, France