jeudi 25 mai 2017

Mitch Epstein : New York arbor

Verticalité et gigantisme sont inscrits dans les gênes de la ville de New York. A la n du XIXème, les architectes et les bâtisseurs américains dépassèrent toutes les limites alors impensables en édifiant les premiers gratte-ciels. Cet élancement vertigineux, surhumain, fut l’un des éléments fondamentaux du plan directeur de cette ville. Il devint en même temps le symbole absolu de la modernité et marqua le début de la prospérité américaine.

Ces mastodontes possèdent des caractéristiques communes avec certains arbres, ils ont notamment cette propension à s’élever dans le ciel et cette apparente faible emprise au sol. Le développement urbain fulgurant de New York ne se fit d’ailleurs pas sans l’idée à accorder aux espaces verts, une place primordiale. Central Parc qui porte bien son nom, est au cœur de Manhattan, lui même au cœur de la ville, offrant à notre regard, un dialogue architectonique de Titans. Comme une haie d’honneur, les grattes ciel de New York rendent hommage à ceux dont les concepteurs de la ville moderne se sont inspirés. Les analogies métaphoriques s’arrêtent là cependant.

Les arbres mettent des dizaines d’années pour arriver à maturité, symbolisent la sagesse, la quiétude et la vénérabilité du fait de leur grand âge. Ils génèrent l’oxygène indispensable à la vie alors que les grands immeubles ont plutôt tendance à aspirer l’énergie dans les frénétiques activités qui s’y déroulent. Ils renvoient l’idée de la réalité d’une jeune na on engagée dans une irrésistible fuite en avant.

Photo Mitch Epstein: American Elm, New York. 2011 © Black River Productions, Ltd.
courtesy Galerie Thomas Zander, Cologne.
En 2011 Mitch Epstein commence ainsi à s’intéresser aux arbres de New York. « Cette série de photographies explore des arbres extraordinaires dans les cinq quartiers de New York. Enracinés dans les parcs, les centres commerciaux, les jardins, les cimetières et les trottoirs, certains arbres se sont adaptés à leur entourage comme des contorsionnistes, tandis que d’autres ont été taillés en spécimens précieux. Ils sont aussi divers que la population de la ville. Ce projet honore l’endurance et le mystère de ces arbres ainsi que leur importance pour la vie urbaine » nous dit-il à propos de son exposition.

Le photographe américain né en 1952, s’attache depuis plus de quarante ans à dresser le portrait du monde par le spectre des réalisations humaines et de leurs liaisons parfois dangereuses qu’elles entretiennent avec la nature. En 2011, sa série American Power a été célébrée par l’emblématique Prix Pictet. New York Arbor est un propos photographique pour le moins étonnant lorsque l’on connaît le parcours de Mitch Epstein, qui nous a plus habitué à monter le revers de la médaille du progrès. American Power dénonce l’impact écologique et sociologique, parfois dramatique, que peuvent engendrer les lourdes infrastructures de génération d’énergie. Avec Family Business, il relate ce qu’il perçoit comme étant la fn du rêve économique américain en relatant la faillite de l’entreprise de son père.

Après avoir envisagé le monde dans sa globalité, il focalise notre attention sur sa propre ville et sur ses « personnages » emblématiques, les arbres. Il les photographie tel un portraitiste et opte donc pour un format vertical en noir et blanc. « Je passe du registre de la complainte à celui de la célébration » affirme le photographe qui ajoute une nouvelle pierre à un œuvre, qui aujourd’hui, se veut dialectique. Il éclaire la positivité inhérente à la contempla on et se concentre sur les belles individualités, après avoir exploré les faces les plus sombres de nos modes de vie collectifs.

New York est une exposition réalisée en partenariat avec la galerie Thomas Zander (Cologne)

Olivier Lécine Commissaire de l’exposition

Musée de la Photographie André Villers - du 3 juin au 17 septembre 2017


Porte Sarrazine - 06250 Mougins
Tel : 04 93 75 85 67


mardi 23 mai 2017

Nice : Chagall, Sculptures

Une exposition organisée par la Réunion des musées nationaux - Grand Palais et les musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes au musée national Marc Chagall, Nice.
Tout au long de sa vie, le génie inventif de Marc Chagall (1887-1985) l’a poussé à se confronter à des
techniques artistiques très variées : dessin, peinture, gravure, céramique, mosaïque, vitrail, tapisserie...Ce large éventail compte également une pratique de l’artiste encore peu connue du grand public : la sculpture.

À l’exception de L’Épaisseur des rêves présentée à Roubaix en 2012, à La Piscine-Musée d’art et d’industrie André Diligent, rares ont été les expositions consacrées à ce thème. Le musée national Marc Chagall, dont la collection recèle cinq exceptionnelles pierres taillées, a choisi de révéler cet aspect encore méconnu de l’œuvre de l’artiste au cours de l’été 2017.
Marc Chagall, Deux nus ou Adam et Eve ou Sculpture-colonne
1953, marbre, collection particulière © Benoît Coignard © Adagp, Paris, 2017
C’est à partir de 1949, alors qu’il s’installe à Vence, sur la Côte d’Azur, que Marc Chagall découvre la pratique de la sculpture. L’artiste s’initie d’abord au volume par le modelage, en créant des céramiques au sein de divers ateliers de la région, dont l’atelier Madoura de Vallauris. Émerveillé par la richesse des terres et des roches de la région, dans lesquelles se reflètent tous les coloris de la lumière méditerranéenne, Chagall s’attaque au travail de la taille de la pierre, utilisant volontiers la pierre de Rognes, matériau provençal aux éclats coquillés jaunes (Moïse, 1952-1954), mais également le marbre (Deux têtes, une main, 1964). Pour certaines pièces, l’artiste fait appel à la prestigieuse fonderie Susse afin de les éditer en bronze, déclinant un travail de peintre sur les patines et un regard de graveur sur les reliefs et volumes de l’œuvre en métal (La Bête fantastique, 1959-1960). L’exploration de nouveaux matériaux par la sculpture et la céramique dure plus de trente ans et nourrit, enrichit et renouvelle son approche de la peinture, à travers une matière revisitée.

Au total, Marc Chagall a créé près d’une centaine de pièces sur les thèmes qui lui sont chers : célébration de l’amour, représentations animalières et scènes bibliques. L’exposition permettra de découvrir une soixantaine d’entre elles et comprendra également des cuivres et des bois gravés (cuivres gravés à l’eau-forte et à la pointe sèche de La Bible, 1931-1956) ; bois gravés de Poèmes, 1968) ainsi que des collages inédits qui témoignent de la recherche constante que constitue, pour l’artiste, la question du volume. Nul doute que son expérience de graveur a favorisé la création de reliefs (Deux oiseaux et un lapin ou La Colline, 1966) et de stèles gravées, notamment les pierres tombales de son amie l’auteure russe Assia Lassaigne (1950) et de son épouse Bella Rosenfeld (1965).

Un projet initié par Curators Inc. Art & Architecture pour la Tokyo Station Gallery, le Nagoya City Art Museum et l’Aomori Museum.


Du 27 mai au 28 août 2017 
Musée national Marc Chagall  - avenue Docteur Ménard Nice
http://musees-nationaux-alpesmaritimes.fr/chagall/

mercredi 17 mai 2017

Arson : Stop Ma Pa Ta (Ma matière première n’est pas ta matière)

Avec ce titre qui évoque de manière ironique le commerce des matières premières entre l’Afrique et les grandes puissances industrielles, l’exposition réunit quatorze artistes béninois.

En collaboration avec le Centre Arts et Cultures Lobozounkpa de Cotonou, la Villa Arson présente une exposition d’artistes béninois.

Gérard Quénum
Il s’agit de montrer l’émergence d’une création marquée par le désir d’affirmer des racines et une culture, mais aussi par une volonté extrêmement vive de s’inscrire dans son temps et dans l’actualité politique et anthropologique la plus proche.

La grande majorité des artistes invités vivent dans leur pays et pratiquent un art issu de techniques tout autant traditionnelles que contemporaines, s’adaptant aux contraintes économiques qui sont les leurs, mais toujours avec une conscience aiguë des matériaux qu’ils utilisent.

Les formes produites sont généreuses à l’image de la scène artistique de ce pays en pleine émancipation.

Avec les œuvres de : Richard Korblah, Edwige Aplogan, Aston, Benjamin Déguénon, Daavo, Kifouli Dossou, Euloge Gléglé, Prince Toffa, Charles Placide, Psycoffi, Gérard Quénum, Julien Vignikin, Didier Viodé et Dominique Zinkpé ;

Du 4 juin au 17 septembre 2017 - Vernissage samedi 3 juin à 18h
Villa Arson – 20, avenue Stephen Liégeard - Nice –  https://www.villa-arson.org/

Arson : POINT QUARTZ / Flower of Kent

Entre lignes de fuite et pesanteur, un paysage au sol se construit autour d’œuvres en céramique réalisées par vingt artistes.

POINT QUARTZ Flower of Kent manifeste l’intérêt d’artistes contemporains pour la céramique, envisagée comme un médium à explorer sans assujettissement à un savoir-faire, sans préciosité, sans enclave, parfois avec irrévérence, sans socles assurément.

Natacha Lesueur, Les Chevelures de Vanda, 2013
L’exposition prend la forme d’une installation in situ dans les 300 m2 de la Galerie carrée de la Villa Arson, pensée comme un jardin avec des parterres qui serait devenu paysage. Un paysage en diverses strates, avec la matière première de la céramique dans tous ses états, de la terre arable à la terre cuite.
Si les fondamentaux de la sculpture sont ici incarnés, de la verticalité à son opposé l’horizontalité, c’est bien l’attraction du point de vue de la pesanteur terrestre qui donne sa singularité au projet. Les pièces de sol horizontales de Bertrand Lavier, Dave Ball, Gladys Clover et d’autres, viennent composer un paysage à parcourir, ponctué d’éléments verticaux qui semblent attirés de manière irrépressible vers le sol, comme le paysan de Jules-Aimé Dalou (1838-1902) en grès de Sèvres qui penche, l’émaillage des personnages de Cameron Jamie qui dégouline ou encore l’eau de la fontaine des chevelures de Vanda de Natacha Lesueur qui se déverse.

* POINT QUARTZ est un indice de température à 573° qui correspond à un passage, une étape délicate, vers l’état de fusion qui transforme l’argile en céramique de manière irréversible.

Avec les œuvres de (liste susceptible de modifications) :
Dave Ball ; Lyman Frank Baum ; Baptiste Carluy ; Paul Chazal ; Marvin Gaye Chetwynd ; Nancy Crater ; Johan Creten ; Jules-Aimé Dalou ; Bernard Dejonghe, Quentin Euverte, Guillaume Gouerou et Paul Lebras ; Gladys Clover ; Cameron Jamie ; Bertrand Lavier ; Eun Yeoung Lee ; Natacha Lesueur ; Pascal Pinaud ; Yvonne Roeb ; Sterling Ruby et Elsa Sahal


Du 4 juin au 17 septembre 2017 - Vernissage samedi 3 juin à 18h
Villa Arson – 20, avenue Stephen Liégeard - Nice - https://www.villa-arson.org/


Les maisons de France de Virginie Broquet

La Fédération des Groupements Français de Monaco nous invite à venir découvrir, à la Maison de France, les œuvres de Virginie Broquet. Depuis une douzaine d’années, elle travaille sur ce projet, qui lui a permis de dessiner une trentaine d’ambassades de France dans le monde, parmi les plus remarquables. Son ambition est de donner une vision sensible, par le dessin, du quotidien des ambassades (la résidence, les personnes qui y travaillent, les réceptions, les événements), mais aussi du pays qui l’accueille, sous un angle original qui souligne l’importance de la présence française dans le monde, avec sa diversité, sa culture, son patrimoine, et par-delà son universalisme.

Artiste française née à Nice, Virginie Broquet voyage, dessine, observe le monde.
De New York à Tokyo, de St Louis du Sénégal à Shanghai, elle peint la vraie vie, la vie des gens. Ces moments de vie disent sa curiosité d’ailleurs et des autres, chaque image, comme un tableau, devient une aventure !
Diplômée des Arts Décoratifs de Strasbourg en 1992, elle obtient « l’Alph Art Avenir » au festival de Bandes Dessinées d’Angoulême en 1993.
Elle partage son activité entre la presse, la bande-dessinée, l’illustration, la publicité, la peinture et la mode, notamment avec Isabel Marant et Xuly Bet. En vingt belles années, elle réalise pour l’édition une vingtaine d’ouvrages éclectiques qui s’adressent aux adultes et à la jeunesse. Le dernier en date : Recettes d’une grand-mère à sa petite fille, avec Sabine Cassel et Monica Bellucci et Carnet du Sénégal, textes de Richard Bohringer.
De ses carnets de voyages naissent ensuite de grandes toiles peintes en techniques mixtes.
Virginie a réalisé les vitrines de Noël du grand magasin Printemps Haussmann à Paris en 2002, signé la conception de 14 chars pour le Carnaval de Nice et travaillé sur le centenaire du Negresco, ainsi que pour la Société des Bains de Mer à Monaco.
Elle travaille actuellement à enrichir son carnet de voyages des ambassades de France (Carnets de l’excellence Française) en collaboration avec le Quai d’Orsay, sur un ouvrage illustré de Monte-Carlo, une bande dessinée pour adulte et un projet d’édition jeunesse.

Virginie Broquet a été exposée par l’UMAM à l’occasion de l’hommage à Matisse.

Exposition du 1er AU 14 juin 2017 à la Maison de France à Monaco - Vernissage le jeudi 1er juin 2017 à 18h30

La maison de France - 42, rue Grimaldi - 98 000 Monaco (+ 377) 93 25 21 64 maisondefranceamonaco@gmail.com - lamaisondefranceamonaco.com

samedi 13 mai 2017

Anouk Grinberg : de la comédie à l'art plastique.

"Il y a des gueules froissées, cachées, fichues, des bouches cousues, qu’on s’est cousues, par courtoisie et puis c’est pas la peine. Il y a des yeux clos, pour se calmer. Il y a de l’effroi, on croit parfois qu’on va en mourir, mais non, tout bouge et se métamorphose, c’est miraculeux ce qu’on est vivant (…)


Mais quand je dessine, il n’y a plus de différence entre la tristesse et le bonheur, entre le fragile et le fort. Il y a juste des présences (…) Au début, c’est souvent rapide, comme une cascade ou un tonnerre. Des sensations, des souvenirs qui me descendent dans les doigts, me sortent par les yeux, choisissent les craies, les gestes, les feuilles. C’est plutôt les bonhommes qui se font, et moi qui accompagne. J’ai intérêt à aller très vite, parce qu’ils sont souvent pressés de sortir, d’en finir avec ce qui les occupe. Ces gens noirs – famille nombreuse – ont une sacrée musique à l’intérieur…"

Anouk Grinberg


 Faire face à la peinture d’Anouk Grinberg c’est prendre deux risques : celui de ne pas chercher d’où elle vient et celui d’être trop convaincu d’avoir compris d’où « cela » venait. Les sentiments forts et vrais, tout le monde en a. Tous les artistes usent de ce qu’ils ont, portent, souffrent en eux pour nourrir leur travail. Et ce qu’ils verraient du monde deviendrait aussi ce qu’ils portent en eux. Si le monde souffre, cette souffrance devient alors la leur. Aussi ne peut-on pas éluder la recherche du « d’où ». Mais, il serait douteux de le vouloir en unique expression d’une fêlure personnelle. Ce qui émerge de la création artistique à partir des morceaux d’eux-mêmes qu’y ont concassés les artistes a trait à tous ceux qui veulent bien s’arrêter et regarder. Les dessins appelleront ces fêlures, ces interstices entre raison et déraison, vouloir et souffrir, aimer et comprendre, qui animent les êtres. Dessins, gravures, traits couleurs, intercesseurs et opérateurs de l’âme et de la vérité.

Pascal Ordonneau


L’interview d'Anouk Grinberg : 






Galerie Gilles Naudin - 16 mai – 17 juin 2017
3, rue Visconti - 75006 Paris - 01 43 26 64 71

galeriegng@wanadoo.fr - http://www.galeriegng.com

vendredi 12 mai 2017

N_VR "White Ghosts"

« White Ghosts » est une série de captations par scanner de sculptures éphémères en plâtre et papier de soie. Elle nous permet de visualiser les fantômes qui nous hantent et n'affleurent que de loin en loin à notre conscience.
La captation par scanner permet de donner vie aux mouvements de l'âme qui peuvent tourmenter un être portant en lui un engramme (trace laissée en mémoire par tous événements, dans le fonctionnement bio-électrique du cerveau-Larousse).


Ici, la captation par scanner permet de donner à voir cet engramme et, en pleine conscience, d'y faire éventuellement face.
Le noir et blanc permet également une mise à distance propice à une certaine méditation quant à notre condition possible de ventriloque d'un autre lorsque l'engrammation est trop profonde.
Le côté virginal du blanc qui est aussi la couleur traditionnelle du linceul peut également nous amener à porter notre réflexion sur le lien qui peut apparaître entre mort et virginité...

Vernissage samedi 13 mai de 18h à 20h N_VR "White ghosts" - exposition jusqu'au 10 juin 2017 
Galerie Depardieu - 6, rue du docteur Jacques Guidoni - Nice
Tél. : 09 66 89 02 74 - Mail :galerie.depardieu@orange.fr

Daniel Dezeuze et ClaudeViallat

Cet été, les musées de la ville de Nice célèbrent ses « Ecoles de Nice » (les mouvements artistiques ayant animé la Côte d'Azur après la seconde guerre mondiale et jusqu'aux années quatre-vingt) : en écho à cette manifestation, la galerie Catherine Issert consacre une exposition à deux acteurs majeurs de cette période, Daniel Dezeuze et ClaudeViallat. Ainsi, Catherine Issert rappelle le rôle important que sa galerie a joué dans l'émergence des artistes du mouvement Supports/Surfaces.


En effet, l'ouverture en 1975 de la galerie se fit avec la complicité de Claude Viallat, alors âgé de 39 ans et entouré pour l'occasion de Bernard Pagès, Patrick Saytour, Toni Grand et Christian Jaccard ; suivie en 1976 par une exposition de Daniel Dezeuze, alors âgé de 34 ans.A cette époque, le mouvement Supports/Surfaces, fondé par Dezeuze, Saytour et Viallat, adopte une posture critique vis-à-vis du tableau et fait de l'analyse de ses constituants essentiels – le support et la surface – les éléments mêmes de sa réflexion plastique. Le groupe est à peine formé que déjà il se délite ; il n'aura existé que de 1968 à 1971, pourtant les questionnements fondamentaux qu'il aura engendrés influenceront longtemps, et peut-être aujourd'hui encore, la création contemporaine. En 1970, Daniel Dezeuze et Claude Viallat furent à l'initiative de l'exposition emblématique du groupe à l'ARC (Musée d'Art Moderne de la ville de Paris) ; quarante ans après, ces deux artistes font toujours preuve d'une énergie indéniable en prolongeant leur quête d'une peinture renouvelée et décloisonnée.

Du 20 mai au 15 juillet 2017

GALERIE CATHERINE ISSERT - 2 ROUTE DES SERRES - SAINT-PAUL-DE-VENCE
Tel; : 04 93 32 96 92

Picasso sans cliché - Photographies d’Edward Quinn

Edward Quinn vit et travaille sur la côte d’Azur où il rencontre Picasso à partir de 1951.
Une amitié profonde qui ne cessera qu’à la mort de l’artiste et une rencontre importante – Quinn consacrera plusieurs livres et films à Picasso – et réalisera à partir de là, des photographies avec d’autres artistes : Max Ernst, Alexander Calder, Francis Bacon, Salvador Dali...


Au sujet de son travail auprès de Picasso, il évoque : « Ma première expérience de photographe auprès de Picasso, au travail dans son paisible atelier de poterie, fut assez difficile : je craignais de le déranger en me déplaçant autour de lui pendant qu’il travaillait ; mais il ne parut heureusement ne pas s’en apercevoir, tant il était concentré sur son ouvrage. Quel soulagement pour moi, et quel encouragement aussi, lorsque je sus, par la suite, qu’il avait dit à l’un de ses amis : « Lui ? Il ne me dérange pas ! » Je pouvais donc poursuivre ma tâche sans trop d’inconvénient pour lui. Il m’autorisa, en effet, à venir régulièrement, et je pus le photographier à différentes époques, en différents endroits, tantôt en train de peindre, de dessiner, de sculpter, tantôt avec des amis ou au sein de sa famille. [...] » Quinn précise aussi que jamais aucune intervention n’aura lieu pour préparer l’instant de ce que son objectif a capturé. Les photographies rassemblées dans l’exposition montrent effectivement les instants de vie de l’homme et de l’artiste, avec le reflet authentique de l’un comme de l’autre « car en définitive, l’existence de Picasso n’obéit qu’à une seule règle, n’est commandée que par sa seule passion : son œuvre. Même s’il n’est pas effectivement en train de peindre, il demeure incessamment absorbé par son art, à l’exclusion de tout autre chose. [...] ».

Au fil de ces captures, on découvre ainsi en 125 clichés l’amour partagé avec ses proches, les rencontres avec ses amis, les lieux de vie, les animaux favoris : tous les témoins du quotidien que Pablo Picasso animé par une soif continuelle de création ne cessait d’explorer et d’interroger dans les formes, les matières et les couleurs.

Jusqu'en septembre 2017
Musée Picasso - Château Grimaldi - Place Mariejol - tel:04 20 92 90 54 20

Olivier Mosset et Jean-Baptiste Sauvage - Olt

Le projet des artistes Olivier Mosset et Jean-Baptiste Sauvage se déploie sur plusieurs années. Mécènes du sud Aix-Marseille qui réunit 45 entreprises s’associe à l’eac. pour coproduire cette exposition qui interroge les différents champs de productions des signes relevant tout autant de la publicité et du graphisme que de la peinture et de l’architecture.

En écho à son travail de peintures in situ, l’artiste marseillais Jean-Baptiste Sauvage a associé Olivier Mosset à ce projet multiple, fruit d’affinités artistiques et d’envies communes de peinture.

En 1967, le lancement de la marque Elf sur le territoire français a donné lieu à une campagne publicitaire inédite : pendant 15 jours des ronds rouges de plusieurs mètres de diamètre étaient visibles aux abords ou sur les futurs emplacements des 4 200 stations-service de cette nouvelle marque. Olt était le nom de substitution à Elf pour effectuer les différents essais graphiques.


Le projet des deux artistes relève d’une archéologie contemporaine. Partant à la recherche des vestiges encore existants de cette campagne publicitaire, les deux artistes interrogent les protagonistes du projet originel (Jean-Marc Chaillet, directeur communication de la marque à l’époque et Alain Boisnard, réalisateur d’un flm publicitaire), archivent et réalisent des peintures in situ sur une station-service près de Valence puis une autre sur la nationale 7 axe routier historique vers la Méditerranée.

L’Espace de l’Art Concret est un centre d’art doté d’une collection d’art abstrait, unique en France, la Donation Albers-Honegger. Cette dernière, classée Trésor national, réunit plus de 600 œuvres sur un siècle de création représentant les différents courants de l’abstraction géométrique. La collection permanente compte plusieurs œuvres d’Olivier Mosset, notamment un Cercle noir de 1969.

Cette œuvre appartient à la série historique peinte par l’artiste entre 1966 et 1974. L’artiste peint au centre d’une toile blanche de 100×100cm, un cercle noir parfaitement neutre, dont la présence énigmatique fait percevoir comme peinture un objet visuel minimal. Huit ans durant, Olivier Mosset reproduit, quelque deux cents fois ce cercle, questionnant ainsi les notions d’originalité et d’unicité liées à l’œuvre d’art. Répété de toile en toile, ce cercle prend valeur de logo, renvoyant, au-delà de la réalité visible des peintures, à la présence invisible du peintre. Avec ses cercles noirs peints au centre d’une toile blanche carrée, Olivier Mosset donne sa version du degré zéro de la peinture, ambition affchée du groupe BMPT (Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier et Niele Toroni) dont le manifeste « Nous ne sommes pas peintres» est contemporain de la campagne d’Elf Les ronds rouges arrivent.


Jean-Baptiste Sauvage travaille quant à lui depuis quelques années sur une série de peintures dans l’espace public. Il questionne la force de la peinture publicitaire en tant que signal: disque blanc sur un carré rouge, disque jaune sur fond bleu… Ses réalisations prennent place dans différents lieux, qu’ils soient institutionnels comme la palissade de Niek van de Steeg à Lyon, ou dans l’espace urbain à Marseille et Los Angeles.

Ainsi, le projet Olt s’inscrit tout autant dans une relecture de l’abstraction que dans une réflexion plus large englobant différentes pratiques telles que : peinture, graphisme, design et architecture… réflexion propre à la philosophie de l’Art concret.

Il apparaît donc logique que l’eac. accompagne ce projet dont l’exposition mettra en lumière ses aspects protéiformes. Ainsi seront présentés des archives originales (photographies, esquisses, documents), de même que des vestiges de la campagne publicitaire (stations-service réhabilitées et transformées en lieu d’habitation, traces des peintures…). Ces éléments feront écho à des œuvres historiques et récentes d’Olivier Mosset mais aussi aux wall-paintings que réalisera Jean-Baptiste Sauvage dans les espaces du Château. L’exposition mettra en perspective ces multiples allers-retours entre les différents champs de production des signes entre 1967 et 2017.

Vis à Vis. Fernand Léger et ses amis

Indépendant d’esprit et de création, Fernand Léger (1881-1955) vit à l’écoute de son temps : tout au long de son parcours artistique, il établit des relations avec ses contemporains manifestant une profonde curiosité pour le travail des peintres, sculpteurs, poètes ou architectes qui l’entourent.

L’exposition Vis-à-vis. Fernand Léger et ses amis : Alexandre Archipenko, Jean Arp, Alexander Calder, Joseph Czaky, Robert Delaunay, Juan Gris, Henri Laurens, Le Corbusier, Jacques Lipchitz, Amédée Ozenfant inaugure le premier volet d’une programmation artistique et culturelle consacrée aux échanges, amicaux et artistiques, que le peintre Fernand Léger a entretenus avec les artistes de son temps.
Cette exposition s'inscrit dans le contexte d'une année 2017 dédiée à la célébration de l’oeuvre de Fernand Léger : en effet, le Centre Pompidou - Metz lui consacre, du 20 mai au 30 octobre 2017, une grande exposition rétrospective, intitulée "Fernand Léger. Le beau est partout", qui rend hommage à la personnalité pluridisciplinaire du peintre. A l'occasion de l'exposition rétrospective de Metz, organisée dans le cadre de l'anniversaire des 40 ans du Centre Pompidou, le musée national Fernand Léger a consenti le prêt exceptionnel de nombreux chefs-d’oeuvre, tels que Les Toits de Paris (1912) ou encore l'emblématique tableau Les Constructeurs, définitif, de 1950.

Jean Arp, Torse-fruit, 1960/1967, Bronze, Legs de Marcel Jean en 1994, Musée national d’Art Moderne/Centre de création industrielle, Paris © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat © Adagp, Paris, 2017 - Fernand Léger, Adam et Eve, étude, 1934, Huile sur toile, Donation de Nadia Léger et Georges Bauquier, 1969, Musée national Fernand Léger, Biot © RMN-Grand Palais / Gérard Blot © Adagp, Paris, 2017 - Conception graphique : Marcel Bataillard
 Parallèlement, le Musée national d'art moderne de Paris - Centre Pompidou a également accordé au musée national Fernand Léger un prêt exceptionnel de douze chefs-d’oeuvre, tableaux et sculptures, qui autorisent un nouveau regard sur l’oeuvre de Fernand Léger à travers un parcours inédit dans les riches collections du musée.
Chaque tableau ou sculpture du Musée national d’Art moderne sera placé en vis-à-vis d’une oeuvre de Fernand Léger afin de créer des rapprochements formels inédits. Nourrie d’amitiés artistiques fécondes, l’oeuvre de Fernand Léger se renouvelle en effet constamment au contact des autres artistes mais aussi des grands courants artistiques du début du XXe siècle.

Avec les œuvres d' Archipenko, Arp, Calder, Czaky, Delaunay,Gris, Laurens, Le Corbusier,
Lipchitz, Ozenfant.


6 mai - 30 octobre 2017 - Musée national Fernand Léger - Chemin du Val de Pôme -  06410 Biot 
 
 


Biot : Exposition « XXL 2017 – 2018 »

À Biot, les seules limites seront le ciel et la terre… Comme une signature esthétique de la cité, l’Art s’exposera à Biot en taille XXL au cœur même du village. Les œuvres monumentales de l’exposition « XXL 2017 – 2018 » installées en plein air, témoigneront du désir d’espace des artistes. L’initiative revient à Valérie Gaidoz, galeriste et commissaire de l’exposition : « L’idée de cette exposition s’est imposée à moi, iI y a plusieurs années. En parcourant une multitude d’événements artistiques, je me suis aperçue que nous avions une particularité propre à Biot : nous sommes en mesure de concevoir une exposition d’œuvres monumentales grâce au concours exclusif d’artistes ayant tous une histoire commune biotoise. Très actifs en effet sur la scène artistique nationale et internationale, ils ont tous bel et bien : un talent XXL ! ».


« XXL 2017-2018 est une première étape de 18 mois qui ne doit pas être un aboutissement, mais un véritable élan pour que l’aventure des métiers d’art se réinvente et se vive plus que jamais à Biot ! Comme une invitation à déambuler au cœur même du village, cette exposition aimerait s’étendre à l’avenir aux plus secrètes et insolites des ruelles. La cité va se transformer en galerie à ciel ouvert pour le plus grand bonheur des visiteurs ainsi conviés à se perdre dans le vieux Biot, dont le charme exceptionnel recèle des trésors » précise Valérie Gaidoz, galeriste et commissaire de l’exposition.

Les créations magistrales aux couleurs, matières et formes aussi spectaculaires par leur taille, que saisissantes par leur originalité, joueront avec les éléments qui les entourent pour se fondre dans le paysage. « J’aime qu’une œuvre vienne s’intégrer dans le paysage ou l’architecture, ou qu’elle vienne nous déranger pour nous surprendre et mieux nous interpeler » poursuit-elle. « Bronze, résine, grès, verre, bois, acier, la diversité d’expression est impressionnante et vous allez pouvoir le découvrir…! Je souhaite que les promeneurs s’approprient ces œuvres, les imaginent dans leur jardin et pourquoi pas, en fasse l’acquisition, car en tant que galeriste, j’ai bien conscience du contexte économique difficile, et des besoins des artistes pour continuer à créer et préserver leur savoir-faire », conclut Valérie Gaidoz.

mercredi 3 mai 2017

Les promenades fantasmées de Studio Marlot & Chopard

Rêver de paysages et de lions au bord de la mer…

Ainsi titrée en référence à Hemingway, l’exposition de Studio Marlot & Chopard présentée Chez Lola Gassin, offre en dix photographies, une petite synthèse de l’esthétisme de création de Rémy Marlot et Ariane Chopard, avec des images choisies parmi des séries qui leur sont chères : Le Nouveau Monde, The Valley, L’esprit des lieux- Montauban et Souvenirs d’Italie. La scénographie se déroule dans l’intimité d’un appartement lumineux, ouvert sur un jardin à la végétation méditerranéenne. Joliment introduite par la citation de Hemingway, « il ne rêvait plus jamais de tempête, ni de femmes, ni de grands événements…Il ne rêvait que de paysages et de lions au bord de mer », cette exposition nous annonce une sorte de paradoxe…

Deux paires d’yeux et de jambes à la recherche de territoires étranges et d’émotions esthétiques !

Ariane Chopard et Rémy Marlot travaillent en couple depuis 1996. De leurs promenades pédestres, en solitaires dans les Pyrénées, le Jura, en Allemagne, en Italie, à travers villes, villages et cimetières, ils rapportent des impressions-souvenirs, des images mentales, étonnamment peu de photos mais des réflexions en résonnance avec la littérature, le cinéma, et leurs propres expériences. Ils sont en résidence à la Villa Arson pour la deuxième fois et tout naturellement ce lien s’est concrétisé cette année à Nice.
Souvenirs d'Italie - Copyright © Studio Marlot & Chopard, ADAGP, Paris 2017
Parmi les dix images de l’exposition, trois en noir et blanc de la série Souvenirs d’Italie semblent particulièrement attirer l’attention et des commentaires. Ici on décèle la tête du lion de la cascade du château de Nice, mais cette autre cascade viendrait du parc St Cloud, la photographie de la mer d’encre au rocher magnifique, paysage étrange et sauvage au tirage très particulier questionne…serait-ce un dessin au crayon ou un lavis. Etrange, on pense à Fellini, mais pas une de ces photos n’a été prise en Italie, il s’agit de l’imprégnation de ressentis des deux photographes, d’une Italie rêvée ou recréée qui dialogue bien avec le public. On l’a compris, les images sont ouvertes à l’imaginaire de chacun.

Si en mêlant les images et les lieux Rémy et Ariane brouillent notre interprétation, s’ils nous perdent entre l’Allemagne et le Jura et jouent avec nous, quatre photographies de la série The Valley (2005-2009) entraînent bien volontiers le visiteur dans une rêverie champêtre où seules les couleurs et nuances de vert pourraient donner des repères, vert de Palatine, vert du Jura. Alors que le minéral et le végétal s’emmêlent, qu’un certain romantisme se dégage de la beauté de la nature, un sentiment de mélancolie se développe devant une très belle image : un alignement de croix de cimetière au métal enrubanné de fleurs adossées à un mur, rebus du souvenir, poussé hors du temps et de l’espace.

L'esprit des lieux - Montauban - Copyright © Studio Marlot & Chopard, ADAGP, Paris 2017
De la série L’esprit des lieux-Montauban, on appréciera la forte présence poétique et les couleurs douces de l’image des ponts qui enjambent le Tarn, le cadrage sorte d’œil ouvert sur la ville rose et mystérieuse qui n’existe que dans notre imagination et la touche de couleur à peine accentuée du second pont en perspective, alors que les ombres et la douce lumière suspendent ce moment hors du temps.

Tirage spécial pour l’occasion de l’exposition.

Le Nouveau Monde - Copyright © Studio Marlot & Chopard, ADAGP, Paris 2017
 Un tirage inédit de la série du Nouveau Monde est mis à l’honneur dès l’entrée, l’image rappelle l’univers des contes d’enfants, une petite maisonnette se découpe dans un paysage miniature parmi les rochers et les arbres des paysages désertés de Haute-Loire dont on appréciera la poésie.

L’exposition se termine le 10 mai. Il sera inutile de demander qui est l’auteur de telle ou telle photo. Elles sont interprétation et travail commun du Studio Marlot &Chopard !

A ne pas manquer

Brigitte Chéry


Exposition du 13 avril au 10 mai 2017 chez Lola Gassin : Sur rendez-vous tel 06 74 29 23 36  - 49, rue Maréchal Joffre 06000 Nice