mardi 28 mars 2017

Au revoir l’UMAM, bonjour l’UMAM…

La dernière exposition pour fêter l’anniversaire de la création de l’UMAM a pris fin à la galerie d’Art Contemporain du Palais de l’Europe de Menton le 31 janvier 2017. Soixante-dix ans à présent révolus !
Quel parcours que celui de l’Union Méditerranéenne pour l’Art Moderne créée par le docteur Raymond Thomas et Jean Cassarini en 1946 au siècle dernier ! Cette association parrainée par Pierre Bonnard et Henri Matisse fit évoluer l’Art moderne et apporta une aide tellement importante aux artistes ! Rappelons qu’on lui doit la création en 1950 d’un musée d’art moderne à Nice avec une exposition de Matisse, puis en 1953 la constitution au Château Grimaldi d’un musée d’art méditerranéen moderne, à la demande du maire de Cagnes -sur-mer, Louis Négro, et vaste programme, l’organisation de 13 biennales parrainées par des artistes à Menton, puis aussi des expositions à Paris, Strasbourg…


C’est en 2007, que la présidente Simone Dibo-Cohen a repris le flambeau de cette prestigieuse association sur le point de s’éteindre. Pour l’inscrire dans notre temps et la marquer de son empreinte, Simone Dibo-Cohen commissaire des expositions a aussitôt élargi l’entrée de cette association aux artistes du pourtour de la Méditerranée et ajouté à la peinture seule annoncée dans les statuts, l’accès à tous les aspects de la création contemporaine : sculptures, les vidéos, installations.


Cette large participation a occasionné ensuite des expositions très fortes à Nice puis au Château Grimaldi du Haut- de-Cagnes avec des œuvres d’artistes livrant des messages nourris du contexte de l’actualité et des crises de la création méditerranéenne.


@Sans tambour ni trompette, les 70 ans de la création de l’Umam a mis plus de 150 artistes à l’honneur cette année, au cours d’une quinzaine d’expositions de Menton à Beyrouth, Marseille, Paris, Nice, Villefranche-sur-Mer, Pézenas et Aspremont.


Menton tout au long de l’année 2016 fit la fête à la création contemporaine et organisa des manifestations artistiques de haut niveau, les jardins de la ville, le bord de mer, furent parés de sculptures d’artistes reconnus et célèbres ainsi se renouèrent les liens établis par Matisse et Bonnard.



L’été dernier au Musée des Beaux-Arts de Menton d’autres aspects de la création contemporaine se sont révélés : des sculptures dans ses jardins mais aussi à l’intérieur du Palais Carnolès des peintures, dessins, installations in situ en correspondance avec des œuvres de la collection du musée. Plusieurs artistes restent gravés dans notre souvenir, les sculptures d’Herman Muys fragiles et mystérieuses, des personnages qui nous observent, nous épient. Evelyne Galinsky, sculpteur inspiré par la méditation et le silence nous entraina dans une veillée funèbre, tandis qu’Héléna Krajewicz et Rob Rowlands, avec des projections d’images d’actualité sur des voiles suspendus et transparents nous firent ressentir les souffrances de populations bombardées, exterminées et réfléchir à la puissance du pétrodollar et à la force de l’art… d’autres œuvres s’imposèrent aussi, celles de Martin Hollebecq, Mauro Corda, Stephano Bombardieri, Emmanuel Régent, Nasr-Eddine Bennacer, Elsa Ghossoud… plus d’une centaine de jeunes artistes et créateurs contemporains, certains mondialement reconnus furent exposés à Menton dans les jardins et les palais.


La dernière exposition mise en scène au Palais de l’Europe par Simone Dibo-Cohen permis d’exposer une soixante d’artistes dans un espace généralement consacré à un seul artiste. Au hasard de ce circuit semblable à ceux d’une petite foire d’art contemporain, de grands artistes comme Cécile Andrieux venue du Japon étaient à découvrir. Cet artiste, présentait une sorte de tour de Babel, un monde en couveuse nourri de recherches linguistiques et esthétiques suscitant une réflexion sur la relation mot-homme, graines-mots, résonnance-questionnement.



Plus loin les voyages d’Ivona Boris, sa conception de l’espace permettent d’envisager un espace photographique, poétique et onirique, un monde imaginaire qui remonte aux mémoires antérieures de l’histoire de l’humanité. Voici aussi Thomas Bossard et ses dessins, Matteo Carassale photographe aux images capteurs d’instants, plus loin Anna Chromy et sa sculpture en bronze à la beauté classique dont l’esthétisme en creux recherche peut être une présence humaine, ici Antony Mirial au travail d’une beauté époustouflante, Jonathan Ribeiro et ses installations empreintes de détresse, photographiées et sublimées de beauté. Une peinture de Franta s’impose, en soutien aux jeunes créateurs émergeants, un dessin de Gérard Eppelé, puis Corinne de Battista, Philippe Beaufils, Ge Feng, Marc Gaillet, Gérard Haton- Gauthier, Olivier Schmitt, Victor Soren, KKF, Jacqueline Matteoda, Claudie Poinsard, Myrian Klein… certains sont déjà des références mondiales !



Si l’UMAM a permis à quelques artistes de vendre à des collectionneurs, de trouver des galeries et d’accéder à d’autres lieux d’exposition, elle a aussi favorisé des rencontres entre jeunes artistes et artistes reconnus, permis l’émergence de jeunes créateurs !

La fête est-elle terminée ? Peut- être pas …

Brigitte Chéry
(Photos : Christian Gallo)