lundi 25 juin 2018

COMFORT #17 de LANG et BAUMANN, Le 109 et La Station, Nice

Vernissage : le 29 juin 2018 à 20h
Exposition : du 29 juin au 29 septembre 

Installation in situ et en plein air, de Lang et Baumann au 109




LANG et BAUMANN ont été choisis pour l’exposition estivale du 109 pour leur qualité de regard et d’engagement sur les lieux dans lesquels ils exposent. Leurs installations in situ ont un caractère fort et révélateur des architectures dans lesquelles elles se déploient et par leur qualité plastique elles en montrent un autre point de vue toujours différent et original.

L/B propose pour le 109 une installation – COMFORT#17, 2018 – en dialogue direct avec la singularité architecturale du lieu. Ils conçoivent une sculpture gonflable qui va venir s’adapter et révéler les vestiges de l’ancien générateur électrique au cœur du site. Cette exposition sera visible tous les jours en extérieur, principalement depuis la Cour Intérieure mais aussi depuis la ville.

Le soir du vernissage et le samedi 30 juin, Lang et Baumann nous propose une installation performative – COMFORT#12, 2013 – dans la Grande Halle. Cette proposition participe à révéler les spécificités du lieu par tout un réseau de manches à air gonflées par de l’air pulsé accrochés aux rails du plafond de la Grande Halle et invite ainsi le spectateur à une expérience unique sous ce dédale aérien.

… En même temps au 109 :

20h : LA STATION : Vernissage de l’exposition 
COME TO US de WE ARE THE PAINTERS 
Un projet en 3 volets à Nice avec L’ESPACE À VENDRE et LA VILLA ARSON



21:30 : Performance HEAVY PROCESSION de THE GOSPEL & WATP

22h : COUR INTÉRIEURE : Projection en plein air de DERNIERS SOLEILS, un film d’ARNAUD MAGUET dans le cadre de Curiosité(s)  organisé par BOTOX(S), avec le soutien de l’ECLAT.



23h > 1:30 : FRIGO 16 : Concert de BADER MOTOR (BERLIN/PARIS/NICE) et JEAN-PIERRE BERTRAND (BRUXELLES). Sur une proposition de WE ARE THE PAINTERS et ARNAUD MAGUET



Samedi 30 juin 2018 > 15:00 à 17:00 au Forum d’Urbanisme et d’Architecture:
ATELIER public à partir de 8 ans (ouvert aux parents accompagnants) 
PLUG-IN ! 
En lien avec l’œuvre éphémère de Lang et Baumann présentée au 109 cet été. Le Forum d’Urbanisme et d’Architecture propose un atelier entre expérimentation spatiale et références plastiques autour de l’architecture. Les participants pourront compter sur les conseils et l’expérience d’un architecte médiateur du Forum. 
Durée : deux heures, atelier gratuit (prévoir tenue adaptée pour un atelier un peu salissant). inscriptions : forum@ville-nice.fr (nombre de participants limité)


Le 109 – 89, route de Turin 
04 97 13 31 51  
Toute la programmation : http://le109.nice.fr/

Regards Croisés, FENG GE et TASIC, Forcalquier et Lurs

Vernissages :  Le samedi 7 juillet à 11h au Centre d'Art Contemporain Boris-Bojnev,  et 18h à la Galerie  Pigments à Lurs
Exposition : du 5 au 30 juillet 2018


Voilà deux oeuvres qui imposent le respect, tant les outils (peintures / sculptures) pour parler au monde sont aboutis. Les regards effectivement se croisent sur la technique incroyable, la maîtrise parfaite de leur art. Celui de FENG GE, qui s'inscrit dans la transmission des codes iconographiques d'une Chine millénaire est, ô combien, contemporain : ses toiles impressionnent des paysages, non vus, mais imaginés, dont l'esthétique précipite notre regard : la légèreté d'une poussière de champ de blé vient s'appuyer sur la lourdeur des corps de TASIC, plissés, froissés, contraints, poussant la douceur d'un bourrelet vers l'abstraction, tels des dieux imaginaires remontant de notre musée intérieur. Comment ne pas penser à Malraux qui disait que ce qui détermine l'Art, dans ses oeuvres, c'est sa capacité à être dans l'intemporel.

Anne-marie Lucchini



Centre d'Art Contemporain Boris-Bojnev
Rue Grande,
04300 Forcalquier
Ouverture J.V.S.D.L de 10h30 à 13h et 15h à 19h30, (Ma et Me sur rendez-vous)

Galerie Pigments,
Montée du Théatre
Lurs
 

mardi 19 juin 2018

D I U R N E S Pablo Picasso / André Villers, Musée de la Photographie André Villers, Mougins

Vernissage: Vendredi 22 juin à partir de 19h
Exposition: du 16 juin au 16 septembre 2018

D I U R N E S
Pablo Picasso / André Villers
Dans le cadre de Picasso Méditerranée

« Picasso-Méditerranée » est une manifestation culturelle internationale qui se tient du printemps 2017 au printemps 2019. Plus de soixante institutions ont imaginé ensemble une programmation autour de l’oeuvre « obstinément méditerranéenne »* de Pablo Picasso. À l’initiative du Musée national Picasso-Paris, ce parcours dans la création de l’artiste et dans les lieux qui l’ont inspiré offre une expérience culturelle inédite, souhaitant resserrer les liens entre toutes les rives. (*Jean Leymarie)

Le Musée de la Photographie André Villers participe à cette manifestation avec une exposition consacrée à la collaboration du jeune photographe et du monstre sacré de la peinture du XXème siècle. 

Diurnes est considéré comme étant le point d’orgue d’un compagnonnage artistique associant un artiste mondialement reconnu et un jeune photographe. Pablo Picasso et André Villers se rencontrent à Vallauris en 1953. Le projet aboutit au terme de huit années d’une fructueuse collaboration. Picasso, monstre sacré de la peinture et modèle idéal pour un photographe, s’invite dans le laboratoire de son ami. Un petit faune, personnage mythologique, représenté sous la forme d’un papier découpé a été rejoint par d’autres personnages pour composer un monde espiègle qui n’a pas manqué d’inspirer Jacques Prévert apportant la dernière pierre de cet édifice.
 
Les 5000 clichés conservés dans ses divers ateliers l’attestent, l’histoire de Picasso et de la photographie s’est écrite tout au long de son existence artistique. Comme le souligne Anne Baldassari, à partir de 1901, alors en pleine « période bleue », il se confronte au médium. Aux côtés de simples prises de vue d’ateliers, des portraits et autoportraits, se trouvent des épreuves beaucoup plus singulières, notamment des photographies issues de surimpression de négatifs. Avant même de faire sienne la représentation de la morphologie humaine avec le cubisme et la déformation qui en découle, il s’attaque au processus même de représentation.
 
La photographie s’imposa ponctuellement à Pablo Picasso. S’il l’utilise régulièrement comme base pour élaborer certains de ces portraits ou pour garder trace des étapes intermédiaires de certaines de ses créations, c’est la rencontre et le travail avec une tierce personne, un photographe donc, qui l’entraîna sur le chemin d’expérimentations plus spécifiques. Dans les années trente, avec Dora Maar, il combine les techniques de la gravure et du développement photographique. Au cours de la même période, en compagnie de Brassaï il incise des plaques photosensibles. Plus tard avec Gjon Milli, il s’initiera au dessin dans l’espace à l ‘aide d’un crayon lumineux dont la trace sera couchée sur le papier grâce au concours du photographe.

Ainsi, lorsque Pablo Picasso rencontre André Villers, il est déjà enrichi d’expériences menées avec la photographie, prêt à en découdre. Portraitiste de génie, il était également un modèle hors pair. Comme le décrit si bien Robert Doisneau, il lui était très facile de passer l’autre côté de l’objectif, de passer du statut d’observateur attentif à celui de l’objet du regard d’autrui. Nul besoin d’être dirigé, il savait instinctivement comme se placer face au photographe.
 
André Villers et Pablo Picasso ont décidé d’enrichir le registre du portrait ou de la photographie d’atelier par l’expérimentation. Ce petit faune, photographié sous toutes ses formes, reproduit et décontextualisé, ou encore objet de photogrammes a servi de base à la série Diurnes. L’action photosensible sur le papier transcende les qualités intrinsèques de celui-ci jusqu’à le transfigurer. A l’alternance de pleins et de vides de ces figurines traitées comme des sculptures planes, répond l’interaction entre l’ombre et de la lumière qui caractérise la photographie.
 
Dans son ouvrage Photobiographie paru en 1986, André Villers se remémore cette période de collaboration vécue avec Pablo Picasso :

« En 1954, Pablo m’a dit : « il faudra que nous fassions quelque chose tous les deux. Je découperai des petits personnages et tu feras des photos. Avec le soleil, tu donneras de l’importance aux ombres, il faudra que tu fasses des milliers de clichés «(…) Un jour il m’a découpé un petit faune et m’a dit : « Amuse toi avec ça «. J’ai fait de nombreuses photos de ce faune en surexposition, avec des paysages, des visages, des arbres, etc… Picasso était très intéressé : « Si je fais un trou, ça va faire du noir ?, tu permets que je découpe dans tes images ? (…) Dans l’atelier où se trouvait la salle à manger il y en avait partout, en très grand nombre, des photos étalées, découpées. Picasso m’a dit : « Tu crois que ça va aller ? Tu vois ici, j’ai ajouté un papier plié pour obtenir un gris, si tu veux l’enlever, comme je l’ai fixé avec une épingle, ce sera plus facile. A toi de maintenant de travailler! Il y avait tous ces découpages, collés sur un papier à lettre 21x29 quatre petites formes : une tête ronde, un oiseau, un personnage et un taureau, le tout devenant un visage. 

Avec ce visage, j’ai fait des tas de tirages, toujours dans un format 30x40. J’ai ajouté autour des raisins, des pâtes alimentaires de toute formes : nouilles, raviolis, coquillettes, vermicelles, du persil, du sel, du sucre, des herbes etc… Picasso, comme je l’avais prévu et lui avais suggéré, a coupé ces photos et en a fait des têtes et autres animaux, personnages…Par contact, j’ai reproduit des formes, mais le résultat n’était pas celui que nous voulions. Il aurait fallu reproduire ces photos telles quelles, avec un fond. Picasso pensait que mon rôle de photographe n’était plus assez important de cette façon. (…)
 
En octobre 1959, j’ai du faire un autre séjour au sana, pour une rechute. A ma sortie j’ai pu travailler
avec Picasso. J’ai utilisé le même procédé, c’est à dire que j’ai fait le choix dans mes anciens négatifs et, à l’agrandissement, après exposition de mon sujet sur le papier sensible, je posais un certain temps la découpe de Picasso qui constituait un cache. Ceci me permettait d’introduire dans les têtes, des vêtements, des herbes, de la peau, etc… 

Tout de suite, Picasso m’a dit : « il faut qu’on en fasse un livre » Le lendemain, Berggruen, l’éditeur, arrivait de Paris. Jacques Prévert a écrit un texte à la vue des images choisies, en disant : « On va l’appeler Diurnes. On en a marre des nocturnes ! ». L’ouvrage a été édité en 1962. Il est de format 30 x 40. Il comporte 30 photos, découpages de Picasso avec mes interprétations photographiques. 

A propos de Diurnes, Pablo criait : « Ce n’est pas moi qui ai fait ça, c’est Villers ! ».

Olivier Lécine, Commissaire de l’exposition


Musée de la Photographie André Villers
Porte Sarrazine - 06250 Mougins
Tel : 04 93 75 85 67
http://www.mougins.fr
 
Ouverture tous les jours de 10h à 12h30 et de 14h à 18h
de 10h à 13h et de 14h à 19h (juillet août)
Entrée libre
Fermeture exceptionnelle du musée du 16 au 20 juillet 2018

Promenade à la biennale de Saint-Paul de Vence


Marcher sur les pas de Matisse, Braque, Chagall, Calder, Miro… Parcourir ce célèbre village médiéval à la découverte des sculptures et installations proposées en plein air par la biennale de Saint-Paul, est plaisir assuré. Ce village à la lumière magique, réputé par la Fondation Maeght, la Colombe d’or, les artistes, peintres, écrivains, inscrit l’art contemporain à son programme d’été et compte bien imposer cette image et la transmettre au public.

Treize artistes internationaux invités ponctuent cette promenade. A l’entrée du village Renaissance, l’œuvre généreuse et bien placée de Wang Kepping nous accueille, tandis que Jean-Pierre Raynaud offre un sanctuaire à Autoportraits. Les sculptures de Arik Levy, (Rock Shift Giant), de Vladimir Skoda, (une seule direction ?) et de Jan Favre, (l’homme qui porte la croix), font miroiter les paysages et l’espace, jouent sur l’équilibre, invitent à réflexion. L’exposition permet même certaines audaces au public telles que circuler et utiliser la composition de sculptures JOIE d’Agnès Thurnauer comme banc, ou faire osciller Rocking, œuvre de la jeune artiste Gabrielle Conilh de Beyssac, au jeu de boules de la place. Ne pas hésiter à suivre les remparts pour découvrir l’œuvre de Henk Visch, créée en 2018 : un personnage en torsion qui, placé en hauteur, tel un guetteur entre mer et terre, interroge l’horizon, questionne la méditerranée, alors que l’installation poétique de lavande en fleurs, de Tania Mauraud Mots mêlés –SMAPT, parle d’amour et de nature.

Voir aussi la maison Verdet et la sculpture en aluminium de Vincent Barré, Colonne 3/4 celle-ci bien ancrée, et deux anneaux cannelés…et puis celles de David Nash, Antony Gormley, Vincent Mauger, Morgane Tschiember. Les œuvres sont en relation avec l’architecture, les paysages et la mer méditerranée, elles jouent pour certaines sur les limites de l’équilibre, ou s’élancent comme des totems, d’autres questionnent le cosmos, ou les relations entre terre et mer. L’œuvre symbolique de Jan Favre exposée sur la place Neuve du village de Saint- Paul, L’homme qui porte la croix « Croyons -nous en Dieu ou ne croyons-nous pas ? La croix qui tient en équilibre sur le bras de l’homme cristallise cette question. » pose clairement la question de l’équilibre de l’homme, le rôle des artistes dans cet équilibre, celle des humains autour des deux rives de la méditerranée. Chacun y trouvera sa propre explication.

La biennale de Saint-Paul a été montée avec beaucoup d’enthousiasme par une équipe de spécialistes : Olivier Kaeppelin, Jean Nouvel, Catherine Issert, commissaire de l’exposition, Hélène Guénin, Jacqueline Morabito, Fabienne Grasser-Fulcheri, Bernar Venet, France Paringaux, Florence Forterre. Cet événement à rebonds se poursuit jusqu’au 30 août, elle présente aussi le travail de quatre jeunes artistes, Simon Bérard- Lecendre, Isabelle Giovacchini, Gabrielle Conilh de Beyssac, suivra une remise de prix tandis qu’une résidence pour artiste est offerte à Quentin Spohn au Clos Tantine, dans l’ancienne maison- atelier d’André Verdet. Le village poursuit la liaison avec la création à l’église Collégiale, la Salle du presbytère et la salle du Moulin, de nombreuses évènements sont programmés, les samedis du OFF s’y emploient. En même temps commencent à la Fondation MAEGHT, l’exposition de Jan Favre : Ma nation, l’imagination,  et celle de Wladimir Skoda à la Galerie Issert.


Brigitte Chéry Le 15 juin 2018

photos copyright Béatrice Heyligers

Biennale internationale Saint-Paul de Vence

Office du tourisme: www.saint-pauldevence.com

Olivier Kaeppelin, président de la biennale, commentant l’œuvre de Vladimir Skoda (Une seule direction ?) (2004-2009)


(Rock shift giant 2011) avant d’entrer dans le village fortifié, Arik Levy

(L’homme qui porte la croix 2015) sur la place près des tilleuls, Jan Favre


Sans titre 2018, sur les remparts de Saint Paul, Henk Visch


Mots mêlés –SMAPT 2018 mise en espace pour la biennale, Tania Mouraud

JOIE matrice/assise 2005 mise en place pour la biennale, Agnès Thurnauer


vendredi 15 juin 2018

Les Ramasseurs, galerie GNG, Paris


Exposition : 3 juillet – 4 août 2018
Vernissage : jeudi 5 juillet à partir de 17 heures 


Joseph Alessandri, Yannis Markantonakis, Pierre Ribà, Yvon Taillandier

Partout, dans le monde, on ramasse. Des balles de tennis, des cartons d’âme, des objets de misère, des vieux métaux, et des choses abandonnées… L’artiste singulier, lui, sait regarder, en bas et en haut. Il invente ses matériaux et ses planches de salut, ou bien, oeil et hasard mêlés, il les ramasse ici ou là sur les trottoirs des villes, dans les forêts du monde ou dans les supermarchés du bon vieux temps. Les yeux rivés au sol, regard en scalpel, il sait créer du ciel avec les laissés-pour-compte de la modernité. Bienvenue à ces quatre ramasseurs.

Christian Noorbergen









GNG,
3 rue Visconti 75006 Paris
00 33 (0)1 43 26 64 71
www.galeriegng.com

lundi 11 juin 2018

Guy Rottier, archives du futur

Les jeux de constructions d’un architecte-urbaniste visionnaire

Il y a l’architecture avec un grand A ; celle des grands prix de Rome, des chefs d’état, des dictateurs ; officielle, imprégnée d’histoire et souvent de prétention. Il y a l’architecture avec un petit a ; celle de l’administration, des timides, des sans effort, des sans esprit. Il y a l’arTchitecture avec un grand T, celles des inventeurs, nouveaux facteurs chevaux, correspondant à la création, à l’art. Il y a aussi la Chitecture, sans art, sans vie, le vomi des hommes d’affaires et de ceux qui n’ont aucun respect pour l’être humain
.    Guy Rottier*

Lorsque Guy Rottier lance ce cri du cœur, il a déjà un long parcours mais pour beaucoup de monde dans le sud de la France, le nom Guy Rottier, dans les années 1990/95, est celui d’un rêveur aux projets délirants, peut- être artiste et architecte, surtout en bonne relation avec l’Ecole de Nice, constructeur de la maison D’Arman, en lutte avec le néo-provençal qui sévit dans la région. Peu de personnes connaissaient le parcours rocambolesque de cet homme aux talents multiformes, né aux Indes Néerlandaises en 1922, ingénieur et architecte, passé par l’atelier de Le Corbusier, venu de l’Indonésie aux Pays Bas, de Grasse au STO en Allemagne, de Nice, à la Syrie jusqu’au Maroc. Ses recherches pour une ville souterraine sont mal connues de même que celles liées à l’architecture et urbanisme prospectifs. Guy Rottier, un des premiers, à avoir créé des plans d’architecture solaire, d’architecture de terre, d’architecture écologique, écrit Michel Ragon en 1989.

Autoportrait et Rottier interrogatif  devant ce panneau du village de la Drome

Le MAMAC avait bien présenté en 1992 une première exposition « Guy Rottier : réalisations et architectures inventées 1947-1990 ». Mais c’est fin d’année 2017 /début 2018, que le Forum d’Urbanisme et d’Architecture de la Ville de Nice, a vraiment mis à l’honneur cette figure mythique, dont il est dépositaire d’archives personnelles et inédites, grâce à sa famille. Guy Rottier disparu depuis à peine cinq ans après un demi- siècle de vie à Nice et sa région, restait toujours moins connu ici que dans le reste de la France et à l’étranger où ses dessins et maquettes sont dans les collections publiques. A présent, ses archives inventoriées et étudiées, sont protégées. Odette sa fille, initiatrice de cette donation familiale s’en réjouit, comme de cette exposition bien nommée, Guy Rottier, archives du futur * où sont présentés des croquis, correspondances, des objets utilitaires, des dessins d’architecture de recherche, maisons sponsorisées, architecture de loisir, qui permettent de suivre ses recherches parmi les formes rêvées et les formes concrètes, et de mieux connaître l’homme. Toute sa vie il s’est attaché à réinventer la ville et la maison avec des projets audacieux aux plus près des besoins des hommes en tenant compte de l’environnement. On y découvre ses propositions futuristes et imagine ses désillusions.

Au cours de ce premier grand volet présenté au public, apparait une personnalité riche, aux contacts multiples et variés. Ne disait-il pas… « On ne rencontre que ceux que l’on veut bien rencontrer » ce sera …Le Corbusier, Charles Barberis, Michel Ragon, Bernar Venet, Jean- Marc Reiser. Mais aussi Claude Parent, André Bruyère, Jean Prouvé, Yona Friedman, Ben, Arman, Lucien Hervé, ou Paul Emile Victor, Eugène Claudius-Petit. Pourvu d’un imaginaire plus que fécond, il est lui-même peintre, musicien, dessinateur, photographe, épistolier, bricoleur, humoriste, architecte, urbaniste, ingénieur, enseignant, voyageur, inventeur et visionnaire.

Une vie singulière, qui commence par les chamboulements du siècle dernier, avec des revers de fortune familiaux. Enfance à Sumatra puis à Rotterdam, puis la Côte d’azur, Grasse. Néerlandais, rapatrié en tant qu’étranger à La Haye, c’est la guerre. Plus tard, diplôme d’ingénieur en poche, il aspire à faire architecture aux Beaux- Arts de Paris. Français depuis 1948, après une rencontre avec Wogensky, collaborateur de Le Corbusier, il harcèle Le Maître qui finit par le recevoir et lui confie l’encadrement des travaux de la Cité Joyeuse à Marseille, alors qu’il n’est pas architecte mais simple dessinateur, ce seront trois ans de plongée dans les idées d’architectes, ingénieurs, designers du monde entier et en amitiés qu’il gardera toute sa vie. Diplôme en poche ensuite, petit à petit il vole malgré lui de ses propres ailes et signe sa première œuvre, une villa pour jeunes mariés à Rueil Malmaison et continue ses contacts théoriques avec les anciens du « Corbu ». Avec Charles Barberis, réalisateur du cabanon à Roquebrune Cap Martin, il poursuit le développement de maisons de vacances industrialisées et reste toujours influencé par le Corbusier. L’Ecole de Nice et certaines individualités très fortes influencent dit-il, ses recherches. La maison escargot, les maisons sur fil, la maison de vacances volante, sont présentées à la manière d’un happening, Rottier a toujours aimé emprunter des chemins de traverses.

Odette Rottier devant les meubles exposés
 Lorsqu’il rallie le groupe G.I.A.P. créé par Michel Ragon après la lecture de « Où vivrons-nous demain » il découvre une autre ouverture humaine et intellectuelle, une autre vision de l’architecture qui correspond à ses recherches et ses projets. Des échanges épistolaires présentés avec l’exposition de ces archives, montrent l’intimité qui s’est créée avec ce Groupement International d’Architecture Prospective (G.I.A.P) qui réunissait des avant-gardistes de tous pays, artistes, sociologues, et spécialistes recherchant des solutions urbanistiques ou architecturales. La plupart de ces architectes ont peu de grandes réalisations à leur actif, mais les idées de ces précurseurs, permettent de belles réalisations à présent … Guy Rottier, un vrai, un pur, écrit Michel Ragon en 1989…c’est l’honneur du G.I.A.P ! … c’est l’homme de la course aux obstacles…il saute, il saute Guy Rottier toujours plus loin, toujours plus haut. Mobilité de l’architecture, énergie solaire, architecture souterraine, matériaux périssables ; Guy Rottier est l’homme des idées multiples… Il passe de l’urbanisme d’une ville souterraine éclairée par des lumiducs à de petites inventions (vase solifleur à l’envers, rideaux à musique, petits planeurs aux ailes d’oiseaux naturalisés) …il y a chez lui du bricoleur style Concours Lépine et du provocateur dadaïste D’où ses amitiés avec les artistes de l’Ecole de Nice, et ses accointances avec l’art conceptuel. Mais il est aussi architecte et urbaniste étonnamment prospectif… 


Un grand moment : le parcours-lecture de la vie de Guy Rottier sous le regard amusé de sa fille et de sa petite fille par Raphaël Thiers, compagnie Antipodes, mise en espace Lisie Philip - Forum d'urbanisme et d'architecture de Nice


Odette Barberis-Rottier aime parler de sa relation filiale amicale avec Guy, en traversant l’atelier réservé aux enfants, elle s’attarde sur leurs pliages- collages et constructions de maisons en papier qu’ils suspendront en final sur un fil. Il suffit de quelques pas pour arriver aux croquis de Guy Rottier lui-même, des architectures de loisir prévues pour être habitées quelques semaines, parfois même une seule nuit, échappant aux permis de construire et aux tergiversations sur le terrain : maisons volantes suspendues au-dessus du sol, habitations lunaires, extraterrestres que l’on découvre au cour de la visite et encore, la ville solaire troglodyte dans le Baou de Saint-Jeannet, et même les maisons enterrées. Maisons d’un jour, ville gonflable, cube déplié habitable, immeubles inhabitables, autant de titres humoristiques et d’hypothèses, de recherches, beaucoup d’écrits, un livre avec Reiser, que de jeux de liberté !

Liberté, passion pour la recherche et l’expérimentation qu’il transmet par le professorat à l’université pendant une vingtaine d’années en Syrie et au Maroc. Des œuvres construites à Rabat en témoignent (des espaces publics, ou scénographiques, un marché). Ses dernières formes portent d’une manière prémonitoire sur une économie des ressources naturelles : des suspensions ou étagères avec des boites de conserves de récupération, design d’occasion avec des canapés en chemises usagées, des colliers avec transistors, clous et élastiques. Principe d’économie déjà utilisé par ses constructions de maisons sponsorisées, Gloria, Gitanes, La Vache qui rit, qui permettent à des clients de minorer le coût de construction par un apport d’une redevance publicitaire !

De Belvédère, de 1987 à 2013 où il s’installe en revenant du Maroc il poursuit ses projets et reçoit des architectes, artistes, cinéastes, curieux de ses leçons et de ses recherches, créé son groupe Les Conspiratifs, il reçoit un vrai courrier de ministre, correspondance à laquelle il répond avec l’enthousiasme d’un découvreur- précurseur jusqu’à la fin de sa vie.

Sur la terrasse de la Villa Laude_Dujardin
Evidemment Rottier a des réalisations à son actif, La villa Laude-Dujardin sur la Moyenne Corniche donnant sur la baie de Villefranche, en balcon sur la mer, permettant à deux familles amies d’y vivre indépendamment, maison évolutive, avec un accès par un tunnel percé dans la roche, saluée par le label Architecture contemporaine remarquable, la villa Barberis et la Villa Cardi à Villeneuve-Loubet, la Villa Arman, des cabanons de vacances réalisés avec les Menuiseries Charles Barberis…

Parcours de l'exposition
Mais on se plait à découvrir ses projets de constructions dont les idées font leur chemin comme l’architecture de terre, qui a franchi nos frontières vers les USA, le Japon, la Chine, l’idée est d’utiliser de la terre comme recouvrement d’une structure d’acier ou béton, avec au-dessus, des plantations, des revêtements divers. On s’attarde sur la maison évolutive Escargot qui permet avec sa structure en spirale de rajouter des pièces en fonction de l’agrandissement de la famille. Mais aussi la Maison des enracinés, Maison cible, Maison en tôle ondulée, Maisons en carton, à bruler à la fin des vacances, Abri de week- end suspendu, inspiré de la sonnette de bicyclette, la Proposition Magasin de mode si comique, la Maison volante… Guy Rottier affiche une confiance formidable dans l’avenir. Utopiste ? l’avenir le dira, Rottier est toujours-Là, il se considérait juste en avance sur son temps, espérant que la science et la technique apporteraient les moyens manquants à la réalisation de ses idées. Toujours animées d’une énergie communicative, ses idées prospectives ont déjà ouvert une voie vers l’architecture d’aujourd’hui, le camouflage, l’habitat évolutif. Comme Jules Verne, Guy Rottier ami de Reiser nous fait rêver, et il le fait d’une manière joyeuse !

Brigitte Chéry le 6 juin 2018

Photo copyright Béatrice Heyligers

*Guy Rottier ArtTchitecte de l’Insolite, Z’ éditions

L'exposition a eu lieu de décembre 2017 jusqu'à la fin mai 2018, au
Forum Urbanisme et Architecture
89 route de Turin
06300 Nice

samedi 9 juin 2018

Picasso et les contemporains - Eloge de la fabrique - Vence

Exposition : du 23 juin au 28 octobre 2018
Vernissage : le samedi 23 juin à 17 heures

ÉLOGE DE LA FABRIQUE


Avec : Antoni Clavé, Louis Cane, Anne Deguelle, Pierre Tilman, Max Charvolen, Gérard Serée, Joël Desbouiges, Gérald Thupinier, Phil Billen, Miquel Barceló, Vincent Corpet, Thierry Cauwet, Fabrice Hyber.



Musée de Vence, 2 place du Frène, Vence

Cet été, dans les musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes

Picasso, les années Vallauris
 
Exposition:  du 23 juin au 22 octobre 2018.

 
Cette exposition est organisée par les musées Nationaux du XXème des Alpes-Maritimes, la Ville de Vallauris – Golfe-Juan et la Réunion des musées Nationaux – Grand Palais.

Organisée dans le cadre de « Picasso-Méditerranée », l’exposition « Picasso, les années Vallauris » explore, au cœur de Vallauris, dans les lieux mêmes où le peintre a vécu et travaillé de 1947 à 1955, la vie et l’œuvre de Picasso depuis son installation dans la ville provençale, à la villa « La Galloise », jusqu’à son départ pour Cannes.

Pour Picasso, les années Vallauris correspondent, après le drame de la période de la guerre, à un moment de bonheur familial : l’artiste, entouré de sa compagne, Françoise Gilot et de leurs deux enfants, Claude et Paloma, attire autour de lui un cercle artistique et littéraire, qui comprend notamment Edouard Pignon, Jean Cocteau, Jacques Prévert ou encore Paul Eluard. Partageant le quotidien des habitants de Vallauris, Picasso y insuffle une énergie nouvelle, inspirant des événements festifs, tels que des corridas et des défilés en musique, tout en poursuivant son engagement politique au sein du Mouvement de la Paix et du Parti Communiste Français.

Dans l’œuvre de Picasso, la période de Vallauris coïncide avec une production artistique particulièrement féconde et renouvelée par la pratique assidue de la céramique au sein de l’atelier Madoura. Picasso se livre alors à de nouvelles expérimentations techniques et iconographiques : l’artiste joue avec ce savoir-faire artisanal dont il réinvente les codes. Parallèlement, il se consacre à la sculpture, qu’il assemble à partir de matériaux de récupération et d’objets du quotidien détournés, et à la linogravure.

Conçue comme une série d’allers-retours entre la vie quotidienne et l’œuvre artistique de Picasso, l’exposition souligne la dimension profondément novatrice de son travail à cette période, tout en montrant l’attachement qui liait le maître espagnol à la ville. En offrant à Vallauris en 1949 la statue L’Homme au mouton, puis en peignant dans la chapelle de l’ancien prieuré, les monumentales peintures de La Guerre et la Paix, Picasso confère à son œuvre vallaurienne puissance et universalité.

Cette liberté créatrice retrouvée est évoquée dans l’exposition par près de trois cents œuvres, grâce au soutien du Musée national Picasso de Paris. Cet ensemble remarquable de peintures, dessins, sculptures et céramiques est enrichi par de nombreux documents - archives, photographies, dessins préparatoires, interviews de personnalités locales proches de l’artiste - et complété d’un parcours dans la ville, qui témoigne de l’évolution sociale, économique et artistique de la cité.  
 
Vis à vis :  Fernand Léger et ses ami.e.s
 
Exposition : du 14 avril – 17 septembre 2018
 

Jean Arp, Francis Bacon, Georges Braque, Alexander Calder, Mary Callery, Marc Chagall, Giorgio De Chirico, César Domela, Raymond Duchamp-Villon, Jean Fautrier, Jean Hélion, Vassily Kandinsky, André Lhote, Roy Lichtenstein, Jacques Lipchitz, Alberto Magnelli, Henri Matisse, Gino Severini et Victor Servranckx.

Exposition organisée par les musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes.


En 2018, le musée national Fernand Léger poursuit son exploration des relations amicales et artistiques entre le peintre Fernand Léger (1881-1955) et les artistes de son temps.

En mettant en vis-à-vis les collections du musée et une sélection d’œuvres créées par des peintres et sculpteurs majeurs de l’avant-garde européenne, l’exposition révèle les influences mutuelles entre l’œuvre de Fernand Léger et celle des autres artistes de cette période, dans un contexte de bouillonnement artistique au tournant du XXe siècle.

D’un tempérament naturellement sociable et curieux, Fernand Léger était à l’écoute des nombreuses innovations artistiques et techniques de son siècle. Il s’est toujours entouré d’artistes, avec lesquels il a entretenu des échanges plus ou moins étroits et durables, qui ont nourri sa réflexion et influé sur sa démarche de peintre.

Au croisement des principaux mouvements artistiques du début du XXe siècle - cubisme, purisme, futurisme, surréalisme -, l’œuvre de Fernand Léger, qui oscille entre abstraction et figuration, a accompagné ces grands bouleversements esthétiques : elle a apporté une contribution originale à la construction de la modernité, tout en démontrant l’indépendance d’esprit et de création du peintre.

Pour cette nouvelle édition, la signification du terme « ami » s’élargit en abordant aussi la question de la postérité de Fernand Léger : son œuvre est en effet devenue une source d’inspiration féconde pour des artistes essentiels de la seconde moitié du XXe siècle, tels Roy Lichtenstein ou Francis Bacon qui, par-delà les générations, ont créé un lien fort, intellectuel et esthétique, avec leur illustre prédécesseur.

L’exposition bénéficie de prêts exceptionnels provenant du Musée national d’Art moderne de Paris, de la Villa Arson à Nice, et de collections privées qui ont accepté de contribuer à cette exposition, parmi lesquelles la Fondation Maeght à Saint-Paul de Vence, la Francis Bacon MB Art Foundation à Monaco et la Fondation Louis Vuitton à Paris. Nous leur renouvelons nos chaleureux remerciements pour la confiance qu’ils nous accordent.




mardi 5 juin 2018

Raymond Depardon - "Alpes-Maritimes" - Galerie Lympia, Nice

Exposition : du 16 juin au 16 septembre 2018
Vernissage :  vendredi 15 juin à 18 heures



Vernissage de l'exposition Depardon à la galerie Lympia, quai Entrecasteaux, Nice, le 15 juin à 18h. En présence d'Eric Ciotti, député, président de la commission finances du département des Alpes-Maritimes, et Anne-Marie Dupont, vice-présidente du département des Alpes-Maritimes en charge de la culture,  et adjointe du maire d'Antibes Juan-les-Pins.

R.S.V.P. par courriel : expodepardon@departement06.fr
ou par téléphone au 04 97 18 61 18