Mais quand je dessine, il n’y a plus de différence entre la tristesse et le bonheur, entre le fragile et le fort. Il y a juste des présences (…) Au début, c’est souvent rapide, comme une cascade ou un tonnerre. Des sensations, des souvenirs qui me descendent dans les doigts, me sortent par les yeux, choisissent les craies, les gestes, les feuilles. C’est plutôt les bonhommes qui se font, et moi qui accompagne. J’ai intérêt à aller très vite, parce qu’ils sont souvent pressés de sortir, d’en finir avec ce qui les occupe. Ces gens noirs – famille nombreuse – ont une sacrée musique à l’intérieur…"
Anouk Grinberg
Faire face à la peinture d’Anouk Grinberg c’est prendre deux risques : celui de ne pas chercher d’où elle vient et celui d’être trop convaincu d’avoir compris d’où « cela » venait. Les sentiments forts et vrais, tout le monde en a. Tous les artistes usent de ce qu’ils ont, portent, souffrent en eux pour nourrir leur travail. Et ce qu’ils verraient du monde deviendrait aussi ce qu’ils portent en eux. Si le monde souffre, cette souffrance devient alors la leur. Aussi ne peut-on pas éluder la recherche du « d’où ». Mais, il serait douteux de le vouloir en unique expression d’une fêlure personnelle. Ce qui émerge de la création artistique à partir des morceaux d’eux-mêmes qu’y ont concassés les artistes a trait à tous ceux qui veulent bien s’arrêter et regarder. Les dessins appelleront ces fêlures, ces interstices entre raison et déraison, vouloir et souffrir, aimer et comprendre, qui animent les êtres. Dessins, gravures, traits couleurs, intercesseurs et opérateurs de l’âme et de la vérité.
Pascal Ordonneau
L’interview d'Anouk Grinberg :
Galerie Gilles Naudin - 16 mai – 17 juin 2017
3, rue Visconti - 75006 Paris - 01 43 26 64 71
galeriegng@wanadoo.fr - http://www.galeriegng.com
Je comprends, je suis comme ça aussi, un transmetteur, c'est du bonheur qui fait mal ! Merci pour cette franchise éclairante.
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