Parallèlement à l’anniversaire du musée Matisse de Nice, se
déroule dans le plus grand musée consacré à l’artiste, celui de sa ville de
naissance, le Cateau-Cambrésis, dans le Nord, une exposition réalisée grâce à
la donation effectuée par sa famille. Elle regroupe 443 éléments en papiers
gouachés et découpés qui n’ont pas été utilisés par l’artiste dans ses œuvres.
C’est entre 1943, pour Jazz, et 1948, pour la chapelle de
Vence, qu’Henri Matisse va les préparer. On y retrouve les algues, les palmes,
les oiseaux et les fleurs qui avaient été découpés pour créer des panneaux
muraux et des couvertures de livres. Tous ces éléments sont restés chez les
descendants du peintre et cette donation est la plus importante depuis la
donation Tériade. Un certain nombre de ces découpages devraient venir à Nice
ultérieurement.
Toutes ces préparations ont été conservées par Matisse pour
pouvoir y piocher, plus tard, pour d’autres compositions. On retrouve de
nombreux sujets liés au cirque qu’il utilisera pour le livre Jazz.
Deux grands panneaux réalisés à Paris « Océanie, le
ciel » et « Océanie, la mer » sont également exposés. C’est sur
un fond beige qu’apparaissent ces formes issues du monde marin et qui volettent
dans l’espace. De nombreuses couvertures de livres sont également montrées,
dues à la technique de la gouache découpée. On y trouve également des
couvertures de revues comme les Cahiers d’art, la revue Verve et le rideau du
ballet le Rouge et le Noir.
Une salle entière est consacrée à la chapelle de Vence, car
Matisse part à Paris en 1948 avec la maquette du fameux vitrail la Jérusalem
céleste.
Enfin, pour la première fois, se font face à face la
tapisserie Mimosa et son modèle en papier découpé.
Christian Gallo - © Le Ficanas ®
Exposition jusqu’au 9 juin 2013 - Musée
départemental Matisse - Palais Fénelon - 59360 Le Cateau-Cambrésis - T. 33 (0)3
59 73 38 00 - museematisse@cg59.fr
Les musées Matisse de Nice et du Cateau-Cambrésis méritent la visite ne serait-ce qu’à cause du nombre, de la qualité et de la diversité des pièces qu’ils proposent. Les papiers découpés constituent bien la partie la plus audacieuse du travail du peintre, celle qui laisse à l’imaginaire le loisir de se déployer le plus librement à leur examen (comparer avec la pesante littéralité de Dali, dont le pompiérisme des trois quarts de son œuvre donne lieu à rétrospectives sur rétrospectives). C’est bien de signaler cette expo, qui ne bénéficie pas, elle, de l’information que son sujet devrait susciter, Matisse étant l’artiste qui a permis à la couleur d’être perçue comme un élément capital de l’exaltation de la pulsion. C’est ainsi que la modernité picturale (quelle qu’ait été son origine : européenne, japonaise, américaine...) a pu s’inspirer de ses créations, parfois avec des objectifs de bouleversement politique. Les découpes non utilisées n’ont jamais fait l’objet jusqu’ici d’une exposition. En prendre connaissance, c’est comme être mis en présence de la gestualité naissante de l’artiste, puissamment investie et orientée pour produire un effet participatif auprès du spectateur, en accord avec son émotion sensible. Ce billet mérite largement de figurer en première page de MDP.
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