lundi 3 octobre 2016

Hommage exceptionnel des artistes au drame du 14 juillet de Nice.


C’est dans le cadre des 70 ans de la fondation de l’UMAM que va ouvrir une exposition avec trois artistes, véritable hommage aux victimes et au drame qui a eu lieu le 14 juillet dernier à Nice. Cette exposition va se dérouler à la chapelle Saint Elisabeth de Villefranche-sur-Mer (tout près de l’église Saint Michel).
Trois artistes vont évoquer le drame en y apportant des espérances. Ils sont de renommée internationale.

LES CRIS DE L’AME DE LA BAIE DES ANGES
FRAN SIEFFERT

Cette ville que j’aime tant, a été recouverte par un nuage de tristesse et j’ai la sensation que les confettis de la baie des anges, symboles de fête et de gaîté, ont perdu leur couleur. J’ai alors imaginé que les âmes envolées en ce jour de 14 juillet sur la promenade des anglais, qui désormais restera jour de deuil et de fête nationale se soient à jamais enracinées dans la mémoire du lieu : la baie des anges, la promenade des anglais. J’ai le sentiment que le sol s’est approprié les âmes des défunts et mon travail de sculpteur n’est là que pour révéler une évidence. 


Ma démarche
Mon parcours de plasticienne est orienté vers la problématique de la trace, du blanc et de la fragmentation.

L’installation dans la Chapelle Sainte Elisabeth de Villefranche-sur-Mer
L’installation est composée d’une série de quatre-vingt six ailes blanches reposant sur des plaques de bois.
La dialectique de la catharsis de l’ange invite le spectateur à la rédemption dans le dépassement de son état d’objet. L’aile d’ange n’a pas été sculptée pour ressembler à un ange ; c’est l’âme du défunt qui lui a donné sa forme. C’est une sculpture que nous fait face, l’art a triomphé du mythe et de la réalité, il n’est pas seulement la représentation de quelque chose de plus élevé, d’une réalité supérieure, car l’art est lui-même.

L’irréel et le réel s’additionnent dans mon esprit, alors que le spectateur s’interroge sur l’objet du regard car il se trouve pris à son tour entre mythe et réalité. La question du sens de l’être porte une interrogation essentielle puisqu’elle se manifeste dans un Etre-là. Une identité que Jean Baptiste Pontalis a ainsi évoqué : « Il nous faut croiser bien des revenants, dissoudre bien des fantômes, converser avec bien des morts, donner la parole à bien des muets, à commencer par l’Infans que nous sommes encore, nous devons traverser bien des ombres pour enfin, peut-être, trouver une identité qui, si vacillante soit-elle, tienne et nous tienne »[1].
L’installation est l’assemblage de plusieurs choses en une seule, dont le nom n’existe pas, faisant appel à une notion intérieure, une vérité qu’il n’est possible de trouver qu’en silence. Ce nom que prendra l’ensemble est celui qu’apporte la venue de la vérité. Ici dans le cadre de cette exposition, c’est celui des victimes de l’insoutenable, dont la liste glaçante nous a été révélée.

Fran Sieffert

ALL MEMORY
MICHEL SICARD & MOJGAN MOSLEHI 

Cette exposition montre sur dix panneaux  de la Chapelle Sainte Élisabeth des toiles de la série Chambre noire (2016),  acrylique et huile sur toiles carrées de un mètre, des mots tracés en écriture majuscule étroite et qui seraient comme des concepts majeurs de nos vies : BEAUTY, ILLUSION, NIGHT, REALITY, LIGHTNESS, SILENCE... et MEMORY. Ces mots renversés  rendent au départ la lecture illisible. La couche de peinture noire qui couvre la surface joue à la fois comme enfouissement et comme révélateur de tensions impossibles à combler, sinon par ces mots étranges qui à la fois révèlent et bouchent la visibilité. Cette "obscure clarté" est l'oxymore même par quoi se déploie la clarté de notre vie, ses aspirations, ses croyances et ses idéaux. Il arrive que ces idéaux soient salvateurs ou dangereux.  Cette vision nous plonge dans le monde des doubles : des idéologies, des interprétations, des tensions... Ces fragments de nuit, sont éclairés par des parfois lambeaux de clarté argentée, ou bleuie, ou accompagnés d'autres oeuvres plus petites,  de cheminement, d'éblouissement, de rêve, qui sont comme des pas dans l'étrangeté des vies. C'est un travail de mémoire qui vient rendre hommage à tous ces élans arrêtés net, mais présents et bien vivants, même dans leur pur souvenir.


Michel Sicard, né en 1950 à Toulon (France) et Mojgan Moslehi, née en 1969 à Téhéran (Iran), vivent et travaillent à Paris. Ensemble, ils ont effectué depuis 2004 des projets d’exposition et de recherches et ont formé leur couple d’artistes en 2011. Leurs réalisations allient la peinture, le dessin et le livre d’artiste, la photo et la vidéo, l'installation et la performance.

Michel Sicard a obtenu la Bourse-résidence de la Villa Arson, au CNAC de Nice, en 1984 et a été lauréat du prix Fontenelle, organisé par le FRAC et la Ville de Rouen, en 1988. Connu pour mettre en relation écriture et peinture, notamment par ses "écrivures", une rétrospective de ses livres d’artiste est montrée à la Médiathèque Ceccano en Avignon, puis à la Bibliotheca Wittockiana à Bruxelles, en 1991-et 1992, et de ses dessins et peintures au Musée des Beaux-Arts de Saint-Lô, en 1992-1993. Il a exposé aussi à Londres, Rome, New York, Berlin, Bratislava et en Asie, notamment à Séoul, Harbin et Pékin. Dans une démarche de géopoétique des lieux et des temps, il interroge aussi l'univers des énergies cosmiques, des flux, des forces sociales et politiques. Il est actuellement Professeur en Arts Visuels à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et l'auteur d'une quarantaine de livres.


Mojgan Moslehi, artiste franco-iranienne, a été lauréate de la 3ème Biennale de Peinture contemporaine de Téhéran en 1995 et a réalisé la performance du vernissage de la 9ème Triennale d’Arts visuels de Lalit Kala , New Delhi, en 1997 et depuis a participé à de nombreuses expositions internationales. Ses œuvres se trouvent dans la collection du Musée d'Art contemporain de Téhéran et au Musée Niavaran.
Elle a obtenu une Bourse du Ministère de la culture et du Musée d’Art Contemporain de Téhéran et a séjourné à la Cité Internationale des Arts à Paris, en 2000-2003. Elle réside depuis à Paris. Elle est Docteur en Arts et Sciences de l’Art de l’Université de Paris 1, avec une thèse sur « L’art du Vide. La présence du Vide dans l’art contemporain » (soutenue en 2010).  

Après leur carrière personnelle Michel Sicard et Mojgan Moslehi  ont exposé en duo à Séoul, Bucarest, Bratislava, Harbin, Nankin, Pékin, Busan, Daegeon… Ils totalisent à eux deux une quarantaine d’expositions personnelles et cent soixante expositions collectives. Une cinquantaine d’œuvres sont dans les collections publiques. Depuis 2011 ils ont réalisé des œuvres de grand format, dans le cadre de projets comme Dark energy et Light gravity qui interrogent la propagation des énergies et matières sombres constituant l’univers tant physique que mental et leurs effets dans l’art.
www.sicard-moslehi.com

VERNISSAGE ET EXPOSITION

Exposition du 15 octobre au 13 novembre 2016.
Vernissage le vendredi 14 octobre à 18 heures.
Chapelle Sainte Élisabeth – rue de l’Église – Villefranche-sur-Mer

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