C’est dans le cadre des 70 ans de la fondation de l’UMAM que
va ouvrir une exposition avec trois artistes, véritable hommage aux victimes et
au drame qui a eu lieu le 14 juillet dernier à Nice. Cette exposition va se
dérouler à la chapelle Saint Elisabeth de Villefranche-sur-Mer (tout près de l’église
Saint Michel).
Trois artistes vont évoquer le drame en y apportant des
espérances. Ils sont de renommée internationale.
LES CRIS DE L’AME
DE LA BAIE DES ANGES
FRAN SIEFFERT
Cette
ville que j’aime tant, a été recouverte par un nuage de tristesse et j’ai la
sensation que les confettis de la baie des anges, symboles de fête et de gaîté,
ont perdu leur couleur. J’ai alors imaginé que les âmes envolées en ce jour de
14 juillet sur la promenade des anglais, qui désormais restera jour de deuil et
de fête nationale se soient à jamais enracinées dans la mémoire du lieu :
la baie des anges, la promenade des anglais. J’ai le sentiment que le sol s’est
approprié les âmes des défunts et mon travail de sculpteur n’est là que pour
révéler une évidence.
Ma démarche
Mon
parcours de plasticienne est orienté vers la problématique de la trace, du
blanc et de la fragmentation.
L’installation dans la Chapelle Sainte
Elisabeth de Villefranche-sur-Mer
L’installation
est composée d’une série de quatre-vingt six ailes blanches reposant sur des
plaques de bois.
La
dialectique de la catharsis de l’ange invite le spectateur à la rédemption dans
le dépassement de son état d’objet. L’aile d’ange n’a pas été sculptée pour
ressembler à un ange ; c’est l’âme du défunt qui lui a donné sa forme.
C’est une sculpture que nous fait face, l’art a triomphé du mythe et de la
réalité, il n’est pas seulement la représentation de quelque chose de plus
élevé, d’une réalité supérieure, car l’art est lui-même.
L’irréel
et le réel s’additionnent dans mon esprit, alors que le spectateur s’interroge
sur l’objet du regard car il se trouve pris à son tour entre mythe et réalité.
La question du sens de l’être porte une interrogation essentielle puisqu’elle
se manifeste dans un Etre-là. Une identité que Jean Baptiste Pontalis a ainsi
évoqué : « Il nous faut croiser
bien des revenants, dissoudre bien des fantômes, converser avec bien des morts,
donner la parole à bien des muets, à commencer par l’Infans que nous sommes
encore, nous devons traverser bien des ombres pour enfin, peut-être, trouver
une identité qui, si vacillante soit-elle, tienne et nous tienne »[1].
L’installation
est l’assemblage de plusieurs choses en une seule, dont le nom n’existe pas,
faisant appel à une notion intérieure, une vérité qu’il n’est possible de
trouver qu’en silence. Ce nom que prendra l’ensemble est celui qu’apporte la
venue de la vérité. Ici dans le cadre de cette exposition, c’est celui des
victimes de l’insoutenable, dont la liste glaçante nous a été révélée.
Fran Sieffert
ALL MEMORY
MICHEL SICARD & MOJGAN MOSLEHI
Cette exposition montre sur dix panneaux de la Chapelle Sainte Élisabeth des toiles de
la série Chambre noire (2016), acrylique
et huile sur toiles carrées de un mètre, des mots tracés en écriture majuscule
étroite et qui seraient comme des concepts majeurs de nos vies : BEAUTY, ILLUSION,
NIGHT, REALITY, LIGHTNESS, SILENCE... et MEMORY. Ces mots renversés rendent au départ la lecture illisible. La
couche de peinture noire qui couvre la surface joue à la fois comme
enfouissement et comme révélateur de tensions impossibles à combler, sinon par
ces mots étranges qui à la fois révèlent et bouchent la visibilité. Cette
"obscure clarté" est l'oxymore même par quoi se déploie la clarté de
notre vie, ses aspirations, ses croyances et ses idéaux. Il arrive que ces
idéaux soient salvateurs ou dangereux. Cette
vision nous plonge dans le monde des doubles : des idéologies, des
interprétations, des tensions... Ces fragments de nuit, sont éclairés par des parfois
lambeaux de clarté argentée, ou bleuie, ou accompagnés d'autres oeuvres plus
petites, de cheminement,
d'éblouissement, de rêve, qui sont comme des pas dans l'étrangeté des vies.
C'est un travail de mémoire qui vient rendre hommage à tous ces élans arrêtés
net, mais présents et bien vivants, même dans leur pur souvenir.
Michel Sicard, né en 1950 à Toulon (France) et Mojgan
Moslehi, née en 1969 à Téhéran (Iran), vivent et travaillent à Paris. Ensemble,
ils ont effectué depuis 2004 des projets d’exposition et de recherches et ont
formé leur couple d’artistes en 2011. Leurs réalisations allient la peinture, le
dessin et le livre d’artiste, la photo et la vidéo, l'installation et la
performance.
Michel Sicard a obtenu la Bourse-résidence de la Villa
Arson, au CNAC de Nice, en 1984 et a été lauréat du prix Fontenelle, organisé
par le FRAC et la Ville de Rouen, en 1988. Connu pour mettre en relation
écriture et peinture, notamment par ses "écrivures", une
rétrospective de ses livres d’artiste est montrée à la Médiathèque Ceccano en
Avignon, puis à la Bibliotheca Wittockiana à Bruxelles, en 1991-et 1992, et de
ses dessins et peintures au Musée des Beaux-Arts de Saint-Lô, en 1992-1993. Il
a exposé aussi à Londres, Rome, New York, Berlin, Bratislava et en Asie,
notamment à Séoul, Harbin et Pékin. Dans une démarche de géopoétique des lieux
et des temps, il interroge aussi l'univers des énergies cosmiques, des flux, des
forces sociales et politiques. Il est actuellement Professeur en Arts Visuels à
l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et l'auteur d'une quarantaine de
livres.
Mojgan Moslehi, artiste franco-iranienne, a été lauréate de
la 3ème Biennale de Peinture contemporaine de Téhéran en 1995 et a
réalisé la performance du vernissage de la 9ème Triennale d’Arts
visuels de Lalit Kala , New Delhi, en 1997 et depuis a participé à de
nombreuses expositions internationales. Ses œuvres se trouvent dans la
collection du Musée d'Art contemporain de Téhéran et au Musée Niavaran.
Elle a obtenu une Bourse du Ministère de la culture et du
Musée d’Art Contemporain de Téhéran et a séjourné à la Cité Internationale des
Arts à Paris, en 2000-2003. Elle réside depuis à Paris. Elle est Docteur en
Arts et Sciences de l’Art de l’Université de Paris 1, avec une thèse sur
« L’art du Vide. La présence du Vide dans l’art contemporain » (soutenue
en 2010).
Après leur carrière personnelle Michel Sicard et Mojgan
Moslehi ont exposé en duo à Séoul,
Bucarest, Bratislava, Harbin, Nankin, Pékin, Busan, Daegeon… Ils totalisent à
eux deux une quarantaine d’expositions personnelles et cent soixante
expositions collectives. Une cinquantaine d’œuvres sont dans les collections
publiques. Depuis 2011 ils ont réalisé des œuvres de grand format, dans le
cadre de projets comme Dark energy et
Light gravity qui interrogent la
propagation des énergies et matières sombres constituant l’univers tant
physique que mental et leurs effets dans l’art.
www.sicard-moslehi.com
VERNISSAGE ET
EXPOSITION
Exposition du 15 octobre au 13 novembre 2016.
Vernissage le vendredi 14 octobre à 18 heures.
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