jeudi 10 octobre 2013

Cocteau : une carrière éblouissante au fil des rencontres.

Il y a cinquante ans, le 11 octobre 1963, Jean Cocteau va disparaître. Il est dans sa maison à Milly-la-Forêt et il déclare « C'est le bateau qui achève de couler. C'est ma dernière journée sur cette terre ». Il est treize heures. Il a appris que le matin à sept heures, à Plascassier, Edith Piaf venait de mourir. Edith sa grande amie, qu’il avait fait débuter au théâtre dans « Le bel indifférent ». Le poète n’est plus.

Né en 1889 à Maisons-Laffitte, Jean Cocteau sera traumatisé par le suicide de son père et deviendra un élève médiocre au point de rater deux fois son bac. Mais dès 1908, il n’a que dix-neuf ans, on donnera une matinée poétique avec ses œuvres au théâtre Femina. A partir de ce moment-là il va vivre au hasard de ses rencontres avec des artistes exceptionnels.


Tout d’abord les russes : Serge Diaghilev, Nijinski. Puis il collabore à la création du Dieu Bleu sur la musique de Reynaldo Hahn et enfin à « Parade » le ballet réalisé avec les décors et les costumes de Picasso. Il va participer au mouvement Dada et sera le porte-parole du groupe des Six.

En 1918 Max Jacob lui présente Raymond Radiguet. Cocteau ne le quitte plus et fera tout pour que « Le diable au corps » soit publié chez Grasset. Il n’ira pas à son enterrement et plongera dans l’opium, habitude qu’il a prise avec à l’opéra de Monte-Carlo lors d’une tournée des ballets russes. Pour se sevrer il écrira alors son livre le plus célèbre : « Les enfants terribles ». Le livre est inspiré de la rencontre avec la famille Bourgoint qui a eu lieu à l’hôtel Welcome à Villefranche-sur-Mer.

En 1930 il a une liaison avec la fille d’un grand-duc de Russie. Elle tombe enceinte mais se fait avorter, probablement par nécessité, du fait de la consommation de l’opium. Cocteau accuse Marie-Laure de Noailles d’avoir provoqué cet avortement.

Trois ans plus tard il prend un compagnon, Marcel Kill (de son vrai nom Mustapha Marcel Khelilou ben Abdelkader), qu’il fera jouer dans « La machine infernale ». Ils partiront faire le tour du monde et Cocteau écrira alors « Mon premier voyage ».

Villefranche sur Mer : la rue obscure
Au retour il entretient des relations avec Jean Marais et avec Edouard Dermit qui devient son fils adoptif et son amant. Edourd Dermit, surnommé Doudou, épousera un mannequin de chez Dior et sera le légataire universel de Cocteau. Cocteau aura également une liaison avec Panama Al Brown, un boxeur noir panaméen très célèbre en Europe qui se produira même dans la « Revue nègre » de Joséphine Baker.

Son attitude pendant la guerre de 39 est ambiguë ; il est profondément pacifiste, mais il accueille à Paris Arno Breker le sculpteur du troisième Reich et protégera sa consœur Leni Riefenstahl après la guerre. Lorsque « La machine à écrire » sera interdite en 1941, la propagande allemande interviendra pour la faire représenter.

Dans les années cinquante il est devenu célèbre. Il va même présider deux années de suite le festival de Cannes. Il rencontre alors Francine Weisweiller, l’épouse de l’héritier Shell. Il passe quelques jours à Santo Sospir au cap Ferrat et dessine un apollon sur les murs de la villa. Matisse lui conseille de continuer et il couvrira tous les murs. Trois ans avant sa mort il tournera « Le testament d’Orphée » financé par François Truffaut.

Santo Sospir à Saint Jean Cap Ferrat
Pour nous, azuréens, Jean Cocteau est très présent. Outre le très beau musée de Menton, on peut visiter la chapelle Saint-Pierre de Villefranche, la salle des mariages de la mairie de Menton et découvrir, en divers endroits, les 300 céramiques qu’il a conçues à Villefranche. Il était particulièrement attaché à Villefranche-sur-Mer puisqu’il disait « Quand je vois Villefranche, je revois ma jeunesse, fasse les hommes qu'elle ne change jamais ». Sur sa tombe il est écrit « Je reste avec vous ». Il est là.

Christian Gallo - © Le Ficanas ®

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