Ils avaient impressionné en 2014 la biennale de l’UMAM en
faisant crouler les colonnes de la cour centrale du Château-musée de
Cagnes-sur-Mer. Cette année ils
remportent un grand succès avec leur installation-sculpture
« Syrie… », terriblement d’actualité, installée dans le Palais-Musée
Carnolès à Menton. Mais laissons leur la parole avec les deux films qu’ils ont
réalisés et qui présentent leur œuvre :
S Y R I E…
Des milliers d’êtres
humains sont tués en Syrie ; des millions sont privés de tout, de leurs
lieux de vie et de leurs ressources, de leur destin. Pour eux, tout
s’écroule. C’est une dévastation. L’exode. Le Chaos. A la radio,
sur nos écrans de télé, des images insoutenables, des témoignages d’immense
détresse nous parviennent de ces zones à la fois proches et lointaines. Mais la
réalité telle qu’elle est vécue, inhumaine, brutale, nous échappe en grande partie.
Nous sommes
bouleversés, effarés, révoltés par ce qui se passe. Comment aider, comment
transmettre notre ressenti, notre perception sinon par l’art ?
Nous avons fait le
choix d’une double installation avec projection d’images sur des supports différents
et significatifs : une construction/sculpture en carton et des
voiles transparents suspendus.
- Une
« ville » en cartons déchirés construits/déconstruits pour dire
la fragilité de nos existences, face à la guerre. Le marché d’Alep, si
vivant autrefois, est en ruines. Pour dire aussi que ces villes autrefois
magnifiques, même bombardées, sont encore, en partie,
« debout ». (Alep, Homs, Ma’lûla, Palmyre etc...).
- Des voiles
transparents : quelques « images » sur la guerre
traversent l’espace, notre espace-temps, nous parviennent et s’effacent.
Le pétrole, nerf de la guerre, omniprésent dans la région, est pompé,
transporté, transformé en dollars et … de nouveau en armes de destruction
contre la population. Ce qu’on voit rarement sur nos écrans.
Les images sont là
pour nous « dire », comme le chanteur de Yarmouk sur son piano
désaccordé, le désarroi de ceux qui fuient et n’ont plus rien, de
ceux qui restent et tentent de survivre. Ayham Ahmed, cette voix de
l’espoir, a bravé la guerre et la mort tant qu’il a pu, chaque jour, jusqu’à la
destruction de son piano par Daesh.
Patrimoine du
futur
Brigitte Chéry a écrit également quelques lignes concernant
cette installation :
Les journées du Patrimoine, une occasion de découvrir les
trésors du Musée des Beaux–Arts de Menton présentés en harmonie avec l’actuelle
exposition d’art contemporain de l’UMAM pour fêter ses 70 ans : de jeunes
artistes et d’autres déjà célèbres, peut- être le patrimoine du futur !
Déjà dans le jardin du Palais Carnolès, parmi la collection
du musée, vous découvrez les sculptures choisies par l’UMAM, vous ne manquerez
pas la toupie de Stefano Bombardieri, mais aussi les œuvres de Valdelièvre,
KKF, Pierre Manzoni, Stephan Chavanis, Jacky Coville… et ferez d’autres
étapes-découvertes en vous promenant.
A l’entrée du musée, accueil avec une magnifique sculpture
de Tasic, puis une trentaine de beaux dessins de Jean-Marie Cartereau, un monde
animalier plumes, poils, pigments et crayon sur papier d’Arches accompagne la
montée d’escalier. Vidéo projection, photographie, dans chacune des salles, des
œuvres fortes. Stefano Bombardieri, Herman Muys, Evelyne Galinski et
Jean-Claude Borowiak, Elsa Ghossoub, Martin Hollebecq, Nasr-Eddine Bennacer,
Antony Mirial, KKF, Fran Sieffert, Victor Soren…
Une installation parmi la cinquantaine d’artistes occupe une
place toute particulière dans l’exposition sur un thème sous- jacent dans la
création de plusieurs artistes. Suite à leur exposition Chaos à la galerie
l’Entrepôt Daniel Boeri à l’été 2015, Héléna Krajewicz et Rob Rowlands
poursuivent leur travail éphémère sur la Syrie, sur les pays en guerre et
présentent une installation-vidéo très réussie sur le côté humain de la
souffrance, sans voyeurisme avec des images triées, projetées et adoucies par
des voiles.
Voiles blancs…Lorsque la guerre entre dans les ors du musée,
chaque jour des milliers de déplacés. Comment parler de leur
détresse ?
Propos : représenter à notre manière ce rapport que
nous avons avec les informations qui nous arrivent sans montrer l’abominable.
Ne pas faire un reportage sur la géopolitique et la guerre même. Faire
réfléchir au trop plein d’images qui ne touchent plus.
Pour le visiteur : prendre le temps de regarder, on est
dans le questionnement, l’argent, le pétrole, mais au-delà
Dans des pays sans issue, ce chanteur est le symbole de la
résistance si elle est possible
La marche des émigrés, les frontières, la survie,
distanciation avec les voiles,
Destruction des villes, des maisons, les briques de leur
terre s’effondrent
Le marché d’Alep, Homs, Maaloula… maisons et humains mêlés dans
la destruction, Helena et Rob parlent du côté humain sans montrer
l’insupportable comme font, disent-ils, les charognards, reporters de guerre
qui mettent en scène leurs photos.
Des émotions, des sensations, de l’esthétisme tout au long
de cette belle exposition de plus d’une cinquantaine d’artistes à suivre ou à
découvrir avec des propos différents mais compréhensibles, souvent teintés par
leur engagement personnel ou marqués par l’histoire de l’art et qui donnent
matière à réflexion.
Les expositions,
anniversaire des 70 ans de l’UMAM, Episode 2, Simone Dibo-Cohen commissaire de
ces expositions, se terminent le 28 septembre 2016 / Sculptures dans les
jardins de Menton et exposition Musée des Beaux- Arts, et jardin du Palais
Carnolès 3, avenue de la Madone Menton
Prochain rendez-vous
Episode 3, le 22 octobre 2016 au 31 janvier 2017 Au Palais de l’Europe Galerie
d’art Contemporain et Bibliothèque de la ville de Menton
Brigitte Chéry - Photos Béatrice Heyligers
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