lundi 19 septembre 2016

Avec « Syrie… », Héléna Krajewicz et Rob Rowlands marquent profondément l’art contemporain à l’UMAM et nous plongent dans l’actualité.


Ils avaient impressionné en 2014 la biennale de l’UMAM en faisant crouler les colonnes de la cour centrale du Château-musée de Cagnes-sur-Mer.  Cette année ils remportent un grand succès avec leur installation-sculpture « Syrie… », terriblement d’actualité, installée dans le Palais-Musée Carnolès à Menton. Mais laissons leur la parole avec les deux films qu’ils ont réalisés et qui présentent leur œuvre :

S Y R I E…

Des milliers d’êtres humains sont tués en Syrie ; des millions sont privés de tout, de leurs lieux de vie et de leurs ressources, de leur destin. Pour eux, tout  s’écroule.  C’est une dévastation. L’exode. Le Chaos.  A la radio, sur nos écrans de télé, des images insoutenables, des témoignages d’immense détresse nous parviennent de ces zones à la fois proches et lointaines. Mais la réalité telle qu’elle est vécue, inhumaine, brutale, nous échappe en grande partie.
Nous sommes bouleversés, effarés, révoltés par ce qui se passe. Comment aider, comment transmettre notre ressenti, notre perception sinon par l’art ? 

Nous avons fait le choix d’une double installation avec projection d’images sur des supports différents et significatifs : une construction/sculpture  en carton et des voiles transparents suspendus.


- Une « ville » en cartons déchirés construits/déconstruits pour dire la fragilité de nos existences, face à la guerre.  Le marché d’Alep, si vivant autrefois, est en ruines. Pour dire aussi que ces villes autrefois magnifiques, même  bombardées, sont encore, en partie, « debout ». (Alep, Homs, Ma’lûla, Palmyre etc...).



- Des voiles transparents : quelques « images » sur la guerre traversent  l’espace, notre espace-temps, nous parviennent et s’effacent. Le pétrole, nerf de la guerre, omniprésent dans la région, est pompé, transporté, transformé en dollars et … de nouveau en armes de destruction contre la population. Ce qu’on voit rarement sur nos écrans.

Les images sont là pour nous « dire », comme le chanteur de Yarmouk sur son piano désaccordé,  le désarroi  de ceux qui fuient et n’ont plus rien, de ceux qui restent et tentent de survivre.  Ayham Ahmed, cette voix de l’espoir, a bravé la guerre et la mort tant qu’il a pu, chaque jour, jusqu’à la destruction de son piano par Daesh.

Patrimoine du futur

Brigitte Chéry a écrit également quelques lignes concernant cette installation :

Les journées du Patrimoine, une occasion de découvrir les trésors du Musée des Beaux–Arts de Menton présentés en harmonie avec l’actuelle exposition d’art contemporain de l’UMAM pour fêter ses 70 ans : de jeunes artistes et d’autres déjà célèbres, peut- être le patrimoine du futur !
Déjà dans le jardin du Palais Carnolès, parmi la collection du musée, vous découvrez les sculptures choisies par l’UMAM, vous ne manquerez pas la toupie de Stefano Bombardieri, mais aussi les œuvres de Valdelièvre, KKF, Pierre Manzoni, Stephan Chavanis, Jacky Coville… et ferez d’autres étapes-découvertes en vous promenant.
A l’entrée du musée, accueil avec une magnifique sculpture de Tasic, puis une trentaine de beaux dessins de Jean-Marie Cartereau, un monde animalier plumes, poils, pigments et crayon sur papier d’Arches accompagne la montée d’escalier. Vidéo projection, photographie, dans chacune des salles, des œuvres fortes. Stefano Bombardieri, Herman Muys, Evelyne Galinski et Jean-Claude Borowiak, Elsa Ghossoub, Martin Hollebecq, Nasr-Eddine Bennacer, Antony Mirial, KKF, Fran Sieffert, Victor Soren…
Une installation parmi la cinquantaine d’artistes occupe une place toute particulière dans l’exposition sur un thème sous- jacent dans la création de plusieurs artistes. Suite à leur exposition Chaos à la galerie l’Entrepôt Daniel Boeri à l’été 2015, Héléna Krajewicz et Rob Rowlands poursuivent leur travail éphémère sur la Syrie, sur les pays en guerre et présentent une installation-vidéo très réussie sur le côté humain de la souffrance, sans voyeurisme avec des images triées, projetées et adoucies par des voiles.   

Voiles blancs…Lorsque la guerre entre dans les ors du musée, chaque jour des milliers de déplacés. Comment parler de leur détresse ?   
 
Propos : représenter à notre manière ce rapport que nous avons avec les informations qui nous arrivent sans montrer l’abominable. Ne pas faire un reportage sur la géopolitique et la guerre même. Faire réfléchir au trop plein d’images qui ne touchent plus. 
Pour le visiteur : prendre le temps de regarder, on est dans le questionnement, l’argent, le pétrole, mais au-delà  

Dans des pays sans issue, ce chanteur est le symbole de la résistance si elle est possible 

La marche des émigrés, les frontières, la survie, distanciation avec les voiles, 

Destruction des villes, des maisons, les briques de leur terre s’effondrent 

Le marché d’Alep, Homs, Maaloula… maisons et humains mêlés dans la destruction, Helena et Rob parlent du côté humain sans montrer l’insupportable comme font, disent-ils, les charognards, reporters de guerre qui mettent en scène leurs photos.
Des émotions, des sensations, de l’esthétisme tout au long de cette belle exposition de plus d’une cinquantaine d’artistes à suivre ou à découvrir avec des propos différents mais compréhensibles, souvent teintés par leur engagement personnel ou marqués par l’histoire de l’art et qui donnent matière à réflexion. 

Les expositions, anniversaire des 70 ans de l’UMAM, Episode 2, Simone Dibo-Cohen commissaire de ces expositions, se terminent le 28 septembre 2016 / Sculptures dans les jardins de Menton et exposition Musée des Beaux- Arts, et jardin du Palais Carnolès 3, avenue de la Madone Menton
Prochain rendez-vous Episode 3, le 22 octobre 2016 au 31 janvier 2017 Au Palais de l’Europe Galerie d’art Contemporain et Bibliothèque de la ville de Menton  

Brigitte Chéry - Photos Béatrice Heyligers

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