lundi 30 juillet 2018

"Cosmogonies, au gré des éléments", au MAMAC, Nice

Exposition :  jusqu'au 16 septembre

Cosmogonies au rythme des grondements du Stromboli

Pour fêter les 90 ans de la naissance d’Yves Klein, le MAMAC a convoqué une cinquantaine d’artistes de plusieurs générations qui dans sa mouvance se sont inspirés de la nature et des éléments dans leur création artistique. Pour cette grande exposition de l’été, Cosmogonies, au gré des éléments, chacun des artistes investit à sa manière les expérimentations qu’Yves Klein amorça dans les années 1960 avec les Etats- Moments de la nature. Il est question des liens qui unissent les composants de l’univers, d’érosion, cristallisation, brûlures du soleil, destruction, réparation, germination, décomposition, mais aussi de l’attrait des artistes à saisir ces moments éphémères et de l’écoute des pulsations du monde et de sa vie secrète.

L’eau, la terre, l’air, le feu sont convoqués : une centaine d’œuvres, des installations, des performances filmées, des toiles ou photos sont à voir. Partant des Cosmogonies d’Yves Klein, recueil sur toile d’Etats- moments de la nature, COS 13, qui sont pour lui des révélations quasi-mystiques, l’exposition présente des artistes du Land Art, de l’Arte Povera, ou de la filiation, fascinés par les manifestations d’énergies de la nature et de ces moments essentiels provoqués ou non, dont ils font œuvres.



L’exposition ouvre avec une superbe vidéo Stromboli 2002 de Marina Abramovic’ où le corps de l’artiste s’abandonne aux fluctuations des vagues en toute sérénité alors que du volcan, gronde le magma en fusion. De cette scène poétique, rythmée par le flux et le reflux de la mer se dégage une impression de quiétude, d’osmose avec les éléments, d’équilibre entre l’homme et le monde. Mais au cours de la visite, le grondement du Stromboli accompagne le visiteur et cet équilibre entre la nature et l’homme se trouble.

On rencontre le grand artiste de l’Arte Povera, Giuseppe Penone, avec l’œuvre soffia di foglia 1976, souffle de feuilles, (empreinte de la forme de son corps sur un amoncellement de feuilles), Boyle Family, propose Journey to the surface of the earth, Antony Mc Call, fait rêver avec une performance video, Landscape for White Square, 1972, sorte de cérémonial où des individus émergeant d’un brouillard épais, avancent en portant des draps blancs, alors que Maurizio Nannucci, geste éphémère, écrit sur l’eau de la pointe de ses doigts.





Le visiteur découvrira des dessins provoqués par le vent, des traces d’impacts de grêle, des nuages artificiels, des arcs en ciel. Comment recoudre la terre pour la réparer. A voir les panneaux de Noel Dolla exposés aux fumées des volcans, se laisser surprendre par les dégradations d’une immense toile, laissée sous terre d’Edith Dekyndt. Ici Quentin Derouet peint avec des roses, les larmes d’Eros, là Bernard Moninot enregistre les effets du vent sur le noir de fumée.



Charlotte Charbonnel, crée Adn (2006) des nuages laiteux éphémères, (alcool et eau, dosage à suivre) dans des bocaux de verre tandis que Barbara et Michael Leisgen photographient, jouant sur la perspective, rencontres inattendues entre soleil et nuages.

Les œuvres rassemblées inscrivent l’art et l’artiste dans un cycle de vie. Mais le danger gronde car se révèlent dès les années 1960, de graves préoccupations face à l’irresponsabilité de l’homme, à son action destructrice et à la dégradation de l’environnement. Ainsi résonne Notas sobre o limite do mar 2012, de Maria Laet.



Gina Pane propose Terre protégée II, une installation composée de bois, chanvre et terre, Maarten Vanden Eynde, signale et répare avec Restauration du lac Montbel. (2003-2014) tandis que Hicham Berrada enregistre un paysage chimique conservé dans une cuve en verre Présage, Tranche. 2005-2018

L’exposition est touffue, au cours de la visite, ne pas manquer les photographies couleur de Judy Chicago, On fire 1969-2012 et celles d’Otobong Nkanga, Alterscapes : Playground 2005-2015. Les œuvres présentées en final ont soit l’objectif de réparer symboliquement la nature, soit après un constat pessimiste de non-retour, de s’en évader avec des créations art - fiction.

 

Cette exposition présentée par Hélène Guérin, commissaire et directrice du Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain suscite d’une manière sous-jacente, un intelligent cri d’alarme que le visiteur entend, tout en témoignant de la fascination des artistes pour la captation des vibrations de la nature, de sa fragilité et de ses dérives non contrôlées par l’homme. Ce grand parcours qui parle de vie, est à voir
jusqu’au 16 septembre.

Brigitte Chéry le 22 juillet 2018

Photos copyright Béatrice Heyligers

Mamac : place Yves Klein NICE

Exposition Cosmogonies, au gré des éléments

Juin/16 septembre 2018
www.mamac-nice.org

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire