vendredi 13 mai 2016

Nice - Arson : Emmanuelle Lainé

Emmanuelle Lainé a investi la galerie du Patio durant sa résidence pour produire une exposition dans un total esprit d’expérimentation, mettant en abîme le lieu et les objets, et renforçant son entreprise d’illusion et de décloisonnement de l’espace de manière inédite, notamment par l’usage d’images vidéo.

Emmanuelle Lainé est accueillie en résidence à la Villa Arson depuis le début du mois de février dernier. Son atelier se situe dans le centre d’art, précisément dans la galerie du Patio qui, comme son nom l’indique, entoure une petite cour intérieure. Le seul occupant de ce patio peint en rouge (type oxyde de fer), couleur emblématique des lieux, est un cyprès qui surplombe, par sa taille, l’architecture labyrinthique du bâtiment.


Depuis le début de sa résidence, l’artiste travaille au quotidien dans son atelier, espace clos, à peine accessible. Elle y organise tout d’abord un workshop avec une dizaine d’étudiants, accueille des visiteurs de passage, stocke divers matériels et matériaux. L’espace se transforme par sédimentation, de manière volontaire ou fortuite, comme cette baie vitrée recouverte de peinture depuis une dizaine d’années et qui se brise lors des travaux de réouverture dudit patio. Le cyprès devient ainsi partie intégrante du dispositif. Une tente et un matelas sont installés : ils se transforment en sculpture moulées dans du plâtre. Tous les néons censés reproduire une lumière naturelle sont démontés, les fenêtres des terrasses sont dés-obturées.

Le travail est empirique, produit étape par étape dans un esprit de totale expérimentation. Une caméra est portée par l’artiste durant la production, enregistrant régulièrement l’évolution de l’espace. Elle fait corps avec les objets. Peu à peu, le chantier devient surface d’exposition, ne créant aucune limite avec la pratique de l’atelier. Tous les éléments disposés ou réalisés sur place sont mis en abîme tandis que de grandes photographies se déploient à même les murs. Ces dernières prennent appui sur des vues de l’intérieur des galeries du centre d’art, mais aussi de l’extérieur, et notamment des jardins adjacents, créant un trouble permanent du regard.
Pour la première fois, Emmanuelle Lainé fait usage d’images vidéo afin d’aller encore plus loin dans son entreprise d’illusion et de décloisonnement de l’espace.

Cette complexité de la perception incarne une forme de « réalisme spéculatif », terme souvent galvaudé qui, pour une fois, justifie son sens et sa portée esthétique.

Galerie du patio
Du 5 juin au 29 août 2016
Vernissage le samedi 4 juin à 18h

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