Dans le cadre des 70 ans de la création de l'UMAM par Matisse et Bonnard, l'UMAM présente sa cinquième exposition à la Galerie Depardieu à Nice.
Nasreddine Bennacer est né en Algérie. Artiste plurimédias touchant aussi bien à la photographie qu'à l'installation, à la peinture comme à la sculpture, il vit et travaille aujourd'hui à Paris.
|
L'aigle le lion et la souris monotype et dessins sur papier Japon marouflé sur papier arche154/114cm - 2015 |
Nasreddine Bennacer est un artiste engagé. Dès ses débuts, son travail repose sur l'expérimentation plastique de la rhétorique du rapport de force meurtrier qui agite le monde contemporain. Et comment armer son discours en critiquant la pulsion belligérante de nos sociétés ? En utilisant les armes elles-mêmes pour parler. De façon répétitive, lancinante, l'artiste nous met face à nos angoisses de spectateurs civilisés dans des démocraties humanistes. Kalachnikovs, grenades et autres délicatessen des outils de guerre deviennent dans l'espace de la toile ou du support ses jouets de prédilections à la dissection et l'exposition des rapports humains dominés par la pulsion de mort.
|
Sans titre, Dessin sur papier Japon marouflé sur papier archive - 66x50cm - 2013 |
Dans cette nouvelle exposition, Nasreddine Bennacer rejoue pertinemment cette réflexion de l'homo homini lupus, jusqu'à s'amuser à transmuter l'arme en lui mettant au poing un cœur ou un cerveau, comme les reliques déchues de l'âme et de la raison. Les fleurs du Mal résistent. Mais elles cohabitent également avec la réappropriation des fables de notre enfance. Mise en scène du dess(e)in de Maître Corbeau jalousé pour son pétrole ; les jeux du chat et de la souris où lion et aigles se disputent le pouvoir ; le tapis volant est de ronces cousues. Les armes offensives se juxtaposent aux suggestives.
|
Chaos - Technique mixte sur toile - 130x166cm - 2015 | | | | |
|
Nasreddine Bennacer a changé d'arme. Passant du littéral au littéraire ; désarmant le visuel pour armer le symbole. L'agressivité de l'arme au sens propre disparaît au profit de la subtilité de l'arme au sens figuré, comme si l'artiste souhaitait désormais "plaire pour instruire". Dans ce placere docere de la fable, c'est ainsi le passage pertinent du langage direct, immédiat et réaliste des armes meurtrières de la vie contemporaine au langage métaphorique et allégorique du conteur d'histoires. Et la nouvelle naïveté des titres lui sert de probatoire.
Marie Soitelle
VERNISSAGE : Jeudi 14 janvier 2016 de 16h à 21h
Exposition jusqu’au 13 février 2016
Galerie Depardieu - 6, rue du docteur Jacques Guidoni (ex passage Gioffredo) - Nice
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire