samedi 12 septembre 2015

Marseille : Sofi Urbani

Nous ne nous rendons pas toujours compte, au quotidien, que la Terre est ronde, et qu'elle tourne sur elle-même. Ainsi, lorsque nous nous représentons l'horizon, nous l'imaginons généralement plat.
Mon travail se nourrit depuis longtemps de recherches et d'écrits scientifiques, que j'interprète de manière plastique, esthétique, rendant des mises en images poétiques de théories concernant la physiologie de l'œil humain et des flux électriques qui traversent les nerfs pour créer mentalement les images que l’on voit.
En faisant ces recherches, j’ai appris très vite que le cerveau fonctionne par flux électriques.
Toutes les informations qu'il traite, donc que l'Homme perçoit, sont électricité.
Par ce flux, se crée une vitesse de lecture estimée aux environs du vingtième de seconde. La réalité que nous percevons est donc un choix malgré nous, un choix du cerveau parmi ces signaux.
Je m'intéresse aux défauts qui peuvent exister dans la structure de notre œil et aussi à l'aspect "électrique" qui gère notre vue. Ces flux électriques sont les mêmes ondes électromagnétiques qui composent la lumière et créent un magnétisme naturel.





Dans cette exposition Équilibres précaires, je questionne ce que nous voyons et comment nous voyons. Comment le cerveau utilise des archétypes pour organiser nos réalités :

- Le sol, intitulé Attractions magnétiques, a un mouvement chaotique et rappelle, de manière simplifiée, un sol sismique. Il est composé de plaques métalliques mues par le seul poids du visiteur.
Ce sont des plaques d'acier, c'est une matière que je pratique en serrurerie. Il est devenu un de mes matériaux de prédilection. Je l'apprécie pour de nombreuses raisons mais ce qui explique sa présence, dans ce sol recréé, c'est qu'il est conducteur. En électrifiant un acier chargé en fer, il peut se transformer en aimant.
J'ai voulu un dallage comme s'il s'agissait d'un carrelage classique. La ressemblance avec les sols de l'artiste Carl André est évidente par sa mise en forme. Mais là où, chez Carl André, la planéité du sol est en parfaite adéquation avec l'aspect plat du matériau, ici se cache le déséquilibre, l’incertitude.
Ces sols d'attractions magnétiques me sont apparus comme une évidence à vivre, à éprouver.
Ici notre corps en déséquilibre est attentif à ce qu'il vit dans l'instant, le cerveau est perturbé par ce sol peu logique. Je sais, par témoignage personnel, que, lors d'un séisme, notre perception visuelle peut être altérée.
Notre perception du monde ne serait-elle pas un dialogue entre la perpendicularité de notre corps et l’horizontalité du monde sur lequel on marche? Ou un accommodement permanent ?

- La vidéo est un Horizon qui bascule de côté en côté, accentuant par ce mouvement la présence horizontale de ce sol stable, sous nos pieds. Le son, réalisé par Aaton Fanyday, est une rumeur spatiale et compressée.

- Les Mirages sont des interprétations d'illusions naturelles découvertes en 1919 par Arthur Eddington et appuyant la théorie de la relativité. Il s'agit de mirages cosmiques que l'on peut voir lorsque nous observons, au télescope, une étoile dont la masse est assez importante pour dévier la lumière. Nous voyons alors apparaître ce qui se trouve derrière cette étoile, et qui ne devrait pas être visible. C'est comme si par magnétisme la lumière était courbée. La poésie ne fait pas autre chose avec les mots.

Sofi Urbani

Exposition du 07 au 19 septembre 2015
Galerie du Tableau
37, rue Sylvabelle. 13006 Marseille
Téléphone : 04 91 57 05 34. Fax : 09 58 63 05 34
http://www.galeriedutableau.org

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