« De Warhol à Basquiat » offre un voyage au cœur de la collection d’Yvon Lambert, où ces deux grandes figures de l’art contemporain symbolisent les thématiques de cette nouvelle exposition : la peinture sous toutes ses formes, l’image, la représentation telle une icône moderne, l’instantané telle une vision de la mort, confrontées à des pratiques plus minimales qui définissent aussi le goût du collectionneur.
L’attachement à Vence d’Yvon Lambert sera rappelé par une salle consacrée à Jean-Charles Blais, artiste exposé et collectionné dès le début des années 1980, si proche qu’il acquit par l’entremise de son galeriste une demeure sur les hauteurs de Vence à la vue à couper le souffle. Jean-Charles Blais sera associé à Cy Twombly, tous deux avaient été choisis pour l’inauguration de la galerie du Marais, rue Vieille du temple, ouverte en 1986, il y a tout juste trente ans.
Elles relient des œuvres phares du Land art et du passage de l’artiste dans le paysage (Richard Long, Rika Nogushi, Giuseppe Penone...).
Cette boucle se conclut par la vidéo de Salla Tykkä filmant un jeune homme faisant tourner son lasso pendant qu’une adolescente l’observe secrètement du dehors, émue dans un paysage enneigé.
À l’étage, les œuvres de Jean-Michel Basquiat sont associées à des photographies d’Andy Warhol, ami et complice, et à des œuvres sur papier de Julian Schnabel qui a consacré un film sur Basquiat avec David Bowie dans le rôle du Pape du Pop art.
Ce film sera diffusé en boucle dans une salle.
Yvon Lambert a été consulté pour en écrire la fin, la mort de l’artiste par overdose à 28 ans ayant contrarié la construction du projet.
Telle une marche funèbre, Julian Schnabel a filmé son acteur errant dans Manhattan, chaussé des sabots que Basquiat avait offerts à Yvon Lambert.
La mort qui rode est présente à travers la série mythique Electric Chairs qui revient tout juste du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, prêtée pour l’exposition « Warhol Unlimited ».
On retrouve la menace de cette mort avec la jeune canadienne Liz Crimée qui se réapproprie la sculpture minimale de Tony Smith « Die » (Meurs), ainsi qu’avec le dessin d’un gisant d’Adel Abdessemed, et avec Jonathan Monk qui rappelle la tentative d’assassinat dont Andy Warhol fut victime en 1968.
Valerie Solanas, militante féministe avait laissé à Warhol le manuscrit d’une pièce qu’elle avait écrite. Frustrée de ne pas avoir de réponse, elle eut, ainsi, son quart d’heure (cynique) de célébrité en entrant dans la Factory munie d’un revolver.
La chapelle des Pénitents blancs est à nouveau investie par la
Collection Lambert, comme ce fut déjà le cas pour l’exposition
« Jalousies », où Jean Nouvel avait fait entrer dans une chapelle
chrétienne les archétypes de l’art de l’Islam, avec les arabesques
filmées d’Adel Abdessemed, comme depuis des siècles dans des églises
devenues mosquées ou inversement de Palerme à Istanbul en passant par
Séville.
Cette fois, elle est dédiée à l’artiste américain Jonas Mekas, qui
comme Kempinas, a quitté la Lituanie pour les Etats-Unis. Jonas Mekas
fuit son pays d’origine à la fin des années 1930, parcourant l’Europe et
arrivant à New York en 1949, pays où il est aujourd’hui considéré comme
le père des films d’avant-garde. Il nous livre un film culte, On my way
to Avignon, commencé en 1966, où sa caméra voyage de notre vieux
continent au Pays de l’American Way of Life incarné par Jackie Kennedy
qu’il surprend en deuil sur une plage, - encore une icône incarnée par
le génie de Warhol.
Enfin, au cœur de la chapelle, François-Xavier Courrèges présente une
installation circulaire, tendre et touchante où 19 jeunes hommes vous
adressent des « Je t’aime » sur vingt moniteurs, le dernier étant sans
image, pour que chacun imagine une image secrète de ses désirs.
Signe des temps et de la violence de l’hiver qui s’achève, nous avons
tous besoin de douceur avant de préparer la prochaine exposition pour
l’été consacrée à Robert Combas. Ce fleuron et trublion dont la
Collection Lambert possède près de 200 œuvres dans ses réserves
(peintures, œuvres sur papier, sculptures, livres).
Eric Mézil, Directeur de la Collection Lambert et Commissaire de l’exposition
Artistes exposés : Adel Abdessemed, Miroslav Balka, Jean-Michel Basquiat, Jean-Charles
Blais, François-Xavier Courrèges, Louis Jammes, Žilvinas Kempinas,
Louise Lawler, Claude Lévêque, Richard Long, Robert Mangold, Jonas
Mekas, Jonathan Monk, Rika Noguchi, Giuseppe Penone, Julian Schnabel, Cy
Twombly, Salla Tykkä, Andy Warhol.
Exposition du 20 février 2016 au 22 mai 2016
Musée de Vence - Fondation Émile Hugues - 2 place du Frêne, Vence - 04 93 24 24 23
Vernissage ouvert à tous, Samedi 20 Février à 11h.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire