Il est dans les jardins Biovès de Menton, devant le Palais
de l’Europe et attire de nombreux photographes. Il fait parti d’une série
d’œuvres de ce sculpteur de réputation internationale. Lors de la biennale de
l’UMAM de 2014 au château de Cagnes-sur-Mer, Corda avait remué les visiteurs
avec sa « Boucherie » où des corps de bronze déchiquetés suspendus à
des potences laissait, alors que l’on parlait tous jours des décapitations
violentes de Daech, une impression de mal à l’aise et une réflexion profonde
sur notre avenir.
Avec « Le Nain », l’effet est autre. C’est
actuellement avec la Baleine de Bombardieri, l’œuvre la plus photographiée de
cet Acte II de la commémoration des 70 ans de la fondation de l’UMAM à Menton.
Laissons la parole à Georges
Vigarello
Membre de l’Institut universitaire de France : «Mauro Corda a choisi la logique
du gros plus que la logique du gras. Il lutte ainsi à contre courant,
privilégie ce que notre culture ne semble plus percevoir, elle qui stigmatise
systématiquement toute épaisseur physique. Il restitue bien au contraire une
logique du pesant, distingue ses lignes de force, souligne ses certitudes
possibles. Il l’étudie en profondeur, jusqu’à le traiter sur un mode totalement
générique : celui même où semble s’effacer la différence entre forme masculine
et forme féminine. Le gros comme lieu global de confiance et d’aplomb. /… Reste
le travail sur la franche disharmonie : l’effigie du nain en est l’exemple,
avec ses jambes trop courtes pour un tronc trop long, sa tête massive pour un
corps trop engoncé. C’est la contrainte des forces qui est ici étudiée, leur
contradiction, leur affrontement crispé. La nature aurait aussi ses échecs.
Elle aurait aussi ses tensions non résolues. Le nain y résiste sans doute. Sa tenue
volontaire le dit. Mais il ne peut tout surmonter. C’est dans ses yeux de
bronze, ses yeux étrangement soulignés, ses prunelles sourdement vivantes,
qu’il faut lire ici une tragédie à peine dominée.»
Sculpteur
contemporain à l’œuvre singulière, Mauro Corda nous ouvre les portes de son
univers artistique. Parfait technicien, héritier d’une tradition classique et
travaillant une large variété de matériaux, l’artiste se refuse à toute forme
d’emprisonnement par le style ou le genre artistique. Son œuvre plurielle
explore les grandes questions de notre temps.
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