dimanche 6 mars 2016

Bernard Taride la tête dans le miroir

« Les artistes ont cherché à réinterpréter le monde à leur façon. Moi je réintègre le spectateur, il y a réciprocité entre l’œuvre et le spectateur sur des plans différents, avec des corps morcelés. L’œuvre crée une interdépendance avec le regardeur. Et le regard du voyeur est souvent empreint de culpabilité ». 


Culpabilité d’ordre narcissique ou crainte de trahir le réel? Bernard Taride n’en finit pas de nous interroger sur notre rapport aux apparences, aux reflets (de l’âme?), aux faux semblants et effets d’optique (selon l’angle de vue et le parti pris). Sa passion pour le miroir, matériau dur, glacial et pourtant d’une certaine façon infiniment flexible produit des œuvres fascinantes qui piègent le regard mais incitent, c’est le moins que l’on puisse dire, à la réflexion.


Pratiquant un humour parfois ravageur, l’artiste joue à la corde dont il enveloppe volontiers ses sculptures de glace, plante une hache en plein miroir ou isole des parcelles de corps, des lettres (ART, JAZZ…) pour mieux dire l’essentiel. A présent il choisit de griffer le miroir devenu une surface monochrome pour y inscrire a minima quelques traits de lumière. Tout ceci pour « réfléchir autrement », étape supplémentaire dans le processus de création et dans la relecture de Platon qui se méfiait des illusions, des apparences et de l’ignorance.


« L’art d’imiter est bien éloigné du vrai et, s’il peut tout exécuter, c’est, semble-t-il, qu’il ne touche qu’une petite partie de chaque chose, et cette partie n’est qu’un fantôme » disait le philosophe. Chez Taride retrouvera ses fantômes au risque de se perdre. Expérience vivifiante.

Nicole Laffont


« Réfléchir Autrement ». Jusqu’au 12 mars. La Conciergerie Gounod.
22 rue Gounod. Nice Tél 06 61 32 07 56 .

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