Les formes et les couleurs se concentrent souvent au milieu des tableaux, sans jamais envahir l’espace disponible. Bulles, losanges, laments, s’agglutinent en essaims, en grappes en nuages se retirant des bords, abandonnés au calme recueille- ment d’une couleur lisse et dégradée. A cet égard les tableaux de Marie Javouhey sont des promesses de monde qu’on pr- essent, sans jamais les arraisonner: véritables espaces transitionnels, ils conduisent toujours plus loin dans des labyrinthes dont on ne touche jamais la fin.
Mondes fragiles
|
"Le pays d'ou je viens" huile sur toile 100x100cm
|
Un travail sur la fragilité, ainsi Marie Javouhey dénit-elle ses collages. La manipulation des matériaux utilisés, encre et papier, peut produire des effets imprévus. Elle exige un travail délicat et subtil dont naissent des constructions précaires aux contours indécis.
La fragilité n’est pas seulement une propriété des matériaux. Elle est l’essence même de l’œuvre. L’objet contemplé est, tout entier, présence d’un monde fragile.
Le papier, n et souple, absorbe particulièrement bien les encres. Par cette pénétration dans la texture du papier, la couleur n’apparaît plus comme un rayonnement de surface, mais comme la manifestation d’une force colorante cachée dans les profondeurs de la matière dont l’art de la composition révèle et exalte les pouvoirs.
|
"Composition III" 40x40ck
|
Par des pliages et des déchirures, l’artiste obtient des plages colorées qui, superposées en strates, permettent la création d’effets de profondeur et de reliefs. De cette organisation émergent des structures pouvant évoquer des constructions inachevées ou en voie d’effondrement, parfois des lambeaux de tissus ou encore des silhouettes de collines arides. Pliage et séchage font surgir des lignes, des traces, des nuances, plus ou moins aléatoires. Les stries propres au papier lais- sent parfois apparaître d’étranges graphismes, comme si certains fragments portaient des sortes de palimpsestes.
Chaque collage est un monde. Il possède presque toujours une couleur dominante déclinée en tonalités et nuances multiples. Au cœur de la construction, très souvent, une petite plage, de forme géométrique indécise, de couleurs différentes et plus intenses, concentre et diffuse de la clarté. Une coulée d’or remplit parfois cette fonction de porte-lumière. Ainsi composée, chaque oeuvre possède sa dynamique où domine la verticalité. Placés entre deux rectangles de verre, certains collages ont l’apparence de petits objets aériens, libérés de la pesanteur.
|
"C'est la vie" huile sur toile 180x120cm
|
Dominer des matériaux rebelles dans un jeu maîtrisé avec le hasard, imprégner de couleur la matière dans son in- nie profondeur, ce sont là des rêveries où s’exprime une audacieuse et courageuse volonté. Le travail de Marie Javouhey met en scène un dialogue toujours recommencé entre fragilité et volonté de résistance. Chaque œuvre réalise un point d’équilibre, instable et lumineux. La verticalité des plans, l’intense profondeur de la couleur, la présence des ors, donnent à ces collages une résonance spirituelle particulière et font de chacun un inducteur de rêves et un support de méditation.
Michèle Pichon
Du 5 avril au 7 mai 2016 - Vernissage jeudi 7 avril
Galerie GNG - 3, rue Visconti - 75006 Paris - 01 43 26 64 71
galeriegng@wanadoo.fr -
http://www.galeriegng.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire