jeudi 25 septembre 2014

« Terres d’exception » à la Maison des Métiers d’Art de Pézenas

Ateliers d’Art de France a installé depuis quelques années un de ses relais à la Maison des Métiers d’Art de Pézenas et y présente, plusieurs fois par an, autour d’un thème à chaque fois différent, une sélection d’œuvres de ses nombreux créateurs.

L’exposition de ce début d’automne « Terres d’exception », conçue par Kevin Ducos, mérite véritablement son nom ! Dans une mise en scène sobre, intelligente et aérée, des plasticiens, véritables virtuoses de la terre, nous offrent à découvrir quelques exemples de leur univers créatif si particulier. Chaque pièce présentée n’est pas seulement un objet d’exception mais une œuvre d’art à part entière ! Car il ne s’agit pas là d’un artisanat d’art dans son sens traditionnel avec ce que cela comporte de décoratif ou d’utilitaire, de savoir-faire et de prouesse technique, mais bien de création où l’artiste nous donne à voir, imaginer, interpréter, ses pensées intimes, ses rêveries, une réflexion parfois philosophique, et sa vision personnelle de l’humain et de l’histoire du monde dans ses mutations permanentes.
GAELLE SEILLET Douce victoire (détail)
GAELLE SEILLET Douce victoire

A commencer par la sculpture « Douce victoire » de Gaëlle Seillet. Un nu allongé dans une position improbable, aux lignes pures et formes généreuses, qui se pare en son centre d’une palpitation d’éléments fragiles donnant une vie émotionnelle troublante à cette interprétation de la Femme.

A voir aussi les deux sculptures abstraites en grès engobe porcelaine de la céramiste Agnès Debizet, « Château Blanc », une pièce de 1m80 de haut, et « Le dit de la vague », un entrelacs subtil de courbes emprisonnant les vides, une association des quatre éléments, l’eau et l’air suggérés par la terre qu’a durci le feu.
LOU PERDU Détail de Entre ciel et terre N°4
LOU PERDU détail de Entre ciel et terre N°2 
LOU PERDU Entre ciel et terre N°1 Série Ni tout à fait des uns Ni tout à fait des autres
A voir encore le travail de Véronique Prenant qui partage ses activités entre la terre et l’analyse des rêves, et celui de Martine Gille et Jacques Wieman avec notamment l’œuvre en terre blanche à faïence et émaux « Opium ». Sans oublier les céramiques d’Akashi Murakami, les nuages de Claire Linder, « nuage contorsionné », « nuage étiré », nuages boursouflés fantastiques, étranges.

Enfin au centre de la salle une installation de Lou Perdu faisant partie d’un ensemble intitulé « Ni tout à fait des uns, Ni tout à fait des autres ». Quatre têtes inclinées à la Brancusi, aux yeux clos pour l’éternité, chacune posée sur une vasque plate comme une offrande. Une recherche de l’artiste autour du thème du visage, de l’identité, de la diversité des origines et du corps dans sa dimension matérielle et spirituelle. Une œuvre émotionnellement puissante, esthétiquement sublime, qui vous bouleverse, vous accapare, vous interroge sur vous-même et les autres.

LOU PERDU  Bien sûr il y aurait la mer

LOU PERDU Bien sûr il y aurait la mer détail de 2 éléments

Et puis de la même artiste, sur un mur, sur un panneau de 3m42 « Bien sûr il y aurait la mer ». Cette œuvre époustouflante, composée d’une cinquantaine d’éléments de terre cuite émaillée et parfois oxydée, se présente comme la page d’un grand livre illustré avec légendes, à lire comme une histoire qui n’en finit pas de s’écrire et n’en finira jamais, chaque fragment prolongeant et entrainant le fragment voisin, le dernier de la page attendant celui qui n’est pas encore écrit et sculpté par Lou Perdu et que vous pouvez peut-être imaginer… Dans ce conte fantastique composé à la manière d’une légende mythologique, la mer n’est jamais représentée mais vous l’entendrez bruisser dans son travail incessant d’artiste dessinant et redessinant les bords du monde.

Dominique Tardler – Photos : Dominique Tardler

Exposition à voir jusqu’au 8 novembre - Contact : 04.67.98.16.12 - pezenas@ateliersdart.com

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