Requiem au théâtre de verdure de Nice |
Ce requiem d’une puissance inouïe qui témoigne de la fin du monde, en particulier au travers du dies irae, est un véritable spectacle d’opéra qui alterne les instants les plus brillants avec les moments pianissimo comme le libera me. On n’est pas dans une messe de deuil larmoyante, mais face à un dieu violent et sans concession : en outre Manzoni et Verdi étaient farouchement anticléricaux. Philippe Auguin va s’appuyer sur cette composition théâtralisée pour mettre en valeur les qualités indubitables de l’orchestre de l’opéra de Nice et surtout des chœurs qui vont véritablement soulever l’enthousiasme du public. Cet équilibre parfait sera renforcé par l’équilibre des quatuors comme dans le kyrie, dans les fugues, comme le sanctus.
C’est peut être là que le bas blesse également : les quatre solistes (soprano, mezzo, ténor et basse) arrivent difficilement au niveau de l’orchestre et des chœurs. Techniquement parfaits, ils semblent manquer de volonté d’expression et éprouvent, en particulier pour la soprano et la mezzo, à articuler le latin. En réalité le son retransmis par des haut-parleurs, l’ambiance en plein air, qui ne couvre pas les bruits d’un feu d’artifice voisin, le son des sirènes de la police ou des pompiers, n’autorisent pas l’écoute la plénitude de l’œuvre. Mademoiselle Oksana Volkova, la soprano, un peu courte sur ses fins de phrase, va s’effondrer complètement sur le libera me final : il n’est pas susurré, mais cela était-il possible dans ces conditions techniques ?
Bravo à la ville de Nice pour offrir gratuitement ce spectacle au public (le théâtre était comble contrairement au meeting politique de dimanche dernier...), bravo à Philippe Auguin pour sa direction magistrale, bravo à l’orchestre et aux chœurs de l’opéra. Que nous aimerions entendre tout cela à nouveau dans la salle de la rue Saint-François-de-Paule.
Christian Gallo - © Le Ficanas ®
Etaient présents : Simone Dibo-Cohen & Christian Gallo
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