Reconnue depuis de longues années sur la scène artistique internationale, Jeanne Susplugas, fait de l'addiction et de l'aliénation, de l'accumulation et des jeux de suggestion l'objet de sa démarche. Dès ses premières oeuvres, elle choisit de traiter du rapport insidieux que notre société entretient avec l'univers de la pharmacopée.
Sa "maison malade", une installation composée de milliers de boîtes de médiacaments vides sur lesquelles le visiteur est invité à marcher, en est un témoignage marquant. Entre étrangeté et séduction, ironie et poésie, l'artiste nous incite à réfléchir à nos propres expériences de consommateur, mais moins pour juger ou dénoncer nos assuétudes quotidiennes que pour poser un regard, parfois amusé mais jamais cynique, sur le rituel solitaire et obsessionnel qu'entraîne la médication. Si parler du monde médical est assurément un moyen de parler de la maladie et de la mort, Jeanne Susplugas évite les représentations par trop crues et littérales de la réalité pour donner à voir des oeuvres qui peuvent être autant source de réjouissance et de rêverie que matière à réflexions. Nul besoin, dès lors, de proposer des fétiches, des ex-voto ou des vanités. Ses pièces sont souvent spectaculaires, avec ce que cela suppose d'efficacité et de simplicité. Fils de lumières, installations sonores et interactives, modules architecturaux, l'artiste cultive la variété des modes d'expression et conçoit ses expositions comme de véritables parcours où peuvent se glisser, ici et là, des photographies, des affiches, des dessins, mais aussi des portes, des fenêtres, des papiers peints ou des tapis de sol.
Avec l'exposition "Monkey on Back", Jeanne Susplugas ne procède pas autrement. Elle envahit l'espace de façon à ce que l'on se perde dans le labyrinthe de ses obsessions et que l'on accroche aux différentes oeuvres proposées nos propres interprétations et, s'il se peut, nos sensations les plus intimes et probablement les moins avouables.
Commissaire de l'exposition : Julie Bawin
Jusqu'au 7 juin - Musée en Plein Air du Sart-Tilman - Centre Hospitalier Universitaire de Liège
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire