« Le retour d’Ulysse dans sa patrie » est attribué
à Claudio Monteverdi comme son chef-d’œuvre « Le couronnement de
Poppée ». En effet il reste peu de partitions de ce créateur de l’opéra au
point que Lucien Rebatet n’évoque même pas cet opéra dans sa fameuse histoire
de la musique. Mais peu importe car il fut créé à Venise en 1640 avec un succès
considérable au point d’être interprété dix fois. On ne le reverra pourtant
qu’en 1925 à Paris.
C’est à ce moment là que la musique passe de la renaissance
au baroque, que se crée le « dramma per musica », et en cette année
où l’on fête le bicentenaire de la naissance de Wagner et de Verdi, ce petit
orchestre de douze musiciens va enthousiasmer cette grande salle de l’opéra de
Nice plus habituée à l’opera-seria. Le balcon applaudira debout l’orchestre
dirigé par Jérôme Correas en fin de spectacle.
C’est une très belle production qui nous vient de la
banlieue parisienne pour la réouverture du centre dramatique national de
Saint-Denis. « Le retour d’Ulysse dans sa patrie » débute
effectivement le matin où, après vingt années de pérégrinations, il retrouve
une plage d’Ithaque. Minerve va l’aider alors et nous connaissons tous
l’histoire d’Homère. Le destin l’errance, la fidélité, la solitude, la tentation,
la liberté vont être très brillamment mis en scène par Christophe Rauck dans
des décors sobres ou baroques au travers des cintres qui s’élèvent ou
s’effondrent tout au long de la représentation. On peut juste regretter le
manque d’un chorégraphe lors d’une musique de ballet enjouée où les chanteurs
se contentent d’un pas en avant et d’un pas en arrière.
Ulysse c’est Jérôme Billy, superbe ténor français qui
n’hésite jamais à aborder des rôles inattendus. Mais c’est avec Pénélope,
Blandine Folio Pérès, connue dans l’opéra du XIXeme qui visiblement s’intéresse
également à l’opéra baroque qu’ira notre préférence. Elle va rouler les
« r » comme on les prononçait en ces temps là et sa diction parfaite
est un régal.
Cette superbe production française a réellement enthousiasmé
les spectateurs qui ne manquaient pas d’éloges flatteurs dans la rue Saint
François de Paule.
Christian Gallo - © Le Ficanas ®
En présence de Françoise Castellani et Christian Gallo
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