Les expositions institutionnelles de la Côte d’Azur, pas celles des galeries, aiment les morts. Pour être sûr d’attirer le touriste de passage, elles s’attachent à présenter des noms célèbres, se disant qu’après tout cela est une bonne opération de communication.
Picasso :
Ainsi, pour cet été 2013, nous avons droit à Picasso (mort en 1973 à Mougins) : Monaco fête Picasso pour les 40 ans de sa mort (exposition entachée de scandale à cause de la famille Nahmad) ; Cannes, à la Malmaison avec la collection de Marina « Le nu en liberté » ; Antibes au musée Picasso qui présente une « relecture » de sa collection.
Attention la Côte d’Azur n’est pas seule dans ce cas. Ayant produit plus de 50.000 œuvres, il est facile de monter des expositions pour célébrer le quarantième anniversaire de sa mort. Cet été on trouve également Aubagne, Aix-en-Provence, Silkeborg au Danemark, Barcelone, Bâle, Zagreb, Cleveland, Chicago, Houston…
On est même surpris de voir que Citroën ne sorte pas une C4 commémorative, toute noire et pouvant servir de corbillard. Heureusement le musée national Picasso de Vallauris affiche Jean-Baptiste Ganne qui lui est vivant !
Chagall :
Marc Chagall est mort en 1985 à Saint Paul de Vence et il est né en 1887. Aucune date commémorative avec un chiffre rond. Mais heureusement le musée national Marc Chagall de Nice a 40 ans (créé en 1973) et propose « Chagall devant le miroir ». De peur de louper la commémoration, Vence les travaux préparatoires du Message biblique, et Saint Paul de Vence une exposition de photos grands formats sur les remparts, histoire de faire promener les touristes.
Matisse :
Matisse est né en 1869 et mort, à Nice, en 1954. Là aussi rien de commémoratif sur ces dates. Mais, coup de bol, le musée Matisse de Nice a 50 ans ! Alors la ville de Nice offre huit expositions consacrées au maître, mais toutes n’exposent pas ses œuvres. A signaler que sa ville de naissance, le Cateau-Cambrésis, présente des collages inédits. Marseille dans son rôle de capitale européenne de la culture a joint un autre mort à Matisse en proposant « De Cézanne à Matisse » au grand atelier du midi. Marseille présente également « De Van Gogh à Bonnard » au musée des beaux-arts (ils sont morts eux aussi ?).
On savait que les politiques étaient férus de commémoration : drapeaux, Marseillaise, sonnerie aux morts, minute de silence. Cela leur permet de paraître dans la presse locale et de rassurer leur électorat. Mais étant souvent les commanditaires des institutions qui s’occupent de l’art sur leurs territoires ils ont déteint. Faut faire hommage ! Ces noms célèbres vont attirer le touriste de passage, montrer qu’il y a un développement économique en vendant des objets commémoratifs et des cartes postales.
Mais rassurez-vous, il reste encore quelques galeristes qui osent exposer des artistes vivants ! Mais non, l’art n’est pas mort !
Christian Gallo - © Le Ficanas ®
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