mercredi 21 mai 2014

Biennale 2014 de l'UMAM : Pierre Ribà

Tant de simplicité et tant de complexité mêlées. Des formes énigmatiques, des figures étranges, qui intriguent, interrogent, séduisent aussi. Souvenirs, peut-être, d’objets ancestraux. Un totem ici. Là un masque. Et toujours, cette retenue, cette fluidité. Et ce silence quasi religieux qui émane de l’univers monochrome. « Ses sculptures nous sont si proches que lorsqu’on les a vues une fois, on a l’impression de les avoir toujours connues, comme des amies revenues de loin, comme des souvenirs ou des colombes, des chants mélodieux familiers, tant l’harmonie les dressent face à nous, humbles et humaines » note Georges Chich. Et c’est indéniable, ces œuvres de morceaux de cartons soigneusement agglomérés ont l’étrange pouvoir de s’imposer d’emblée au regard, comme une évidence plastique, une espèce de loi physique, un refrain obsédant qui vous trotte dans la tête toute la journée.

Cette sculpture sans fioritures, sans effets de manche, est un hommage à l’objet immémorial, à cet art primitif auquel nous devons tant et que Pierre Ribà se réapproprie et réinvente au gré de sa fantaisie. «Il donne par le filtre de la création un nouveau pouvoir à un objet jugé initialement quelconque. Assure une fonction sacrée qui se loge, en un nouveau temple, dans un rituel voulu par les anciens, que certains nomment aujourd’hui design» note Grégory Tuban. Incroyable pouvoir de séduction de cette sculpture tout à la fois de notre temps et d’un temps que les moins de mille ans ne peuvent pas connaître… Pierre Ribà est un magicien qui cherche l’essentiel en utilisant le superflu, qui transforme du carton en or. Signe des temps, sa sculpture sobre, presque surnaturelle, aux noms enchanteurs («Cabeza», «Black Idol», «Feuille de Nuit» ou «Origami») invente des mondes parallèles qui ouvrent à l’imagination des perspectives illimitées.

Du carton surgit la ligne pure de sculptures libérées de toute anecdote, érigées comme des signes cabalistiques, des totems modernes, qui affirment, entre imaginaire et réalité, une esthétique teintée de primitivisme qui oscille entre sérénité absolue – harmonie des figures, monochromie - et trouble inquiétude – déchirures, aspérités, cassures – entre-deux silencieux et ô combien fascinant.

Ludovic Duhamel

“Les Migrateurs”- Bois, acier, fil d'acier - Galerie Gilles Naudin
So much simplicity and complexity intertwined. Enigmatic shapes, strange figures, that intrigue, question, and also charm. Perhaps memories of ancestral objects. A totem here. A mask there. And always, this restraint, this fluidity. And this almost religious silence that emanates from the monochromatic universe. "His sculptures are so close to us that once we have seen them, it seems like we have always known them, as if they were old friends coming back, memories or doves, familiar melodious songs, as harmony erects them in front of us, humble and human," Georges Chich notes. And it is undeniable, these works made up of carefully aggregated pieces of cardboard have the strange power to immediately impose, like a plastic evidence, some kind of physical law, a haunting chorus that is stuck in your head all day.

This sculpture without any flourish or extravagant effect is a tribute to the immemorial object, to this primitive art to which we owe so much, and that Pierre Ribà takes over and reinvents the way he wants it. "He gives through the filter of creation a new power to an object that was initially seen as ordinary. He provides a sacred function that fits into a new temple, in a ritual wanted by the ancient world, that some would now call design,” Gregory Tuban notes. Irresistible charm of this sculpture at once completely from our time and from a time that anyone under a thousand years old cannot know ... Pierre Ribà is a magician who seeks the essential using the superfluous, and who turns cardboard into gold. Sign of the different times, his simple, almost supernatural sculpture, with enchanting names (Cabeza, Black Idol, Night Leaf or Origami) invents parallel worlds that open the imagination to limitless opportunities.

Ludovic Duhamel

A PARTIR DU 6 JUIN A 18 HEURES AU CHATEAU-MUSEE GRIMALDI DE CAGNES-SUR-MER
Le catalogue de l'UMAM sur : http://fr.calameo.com/read/003292440ff70bb9ee66d   

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